Atlas des paysages

de la Corse

1.01 - Massif du Tenda

Les communes de l'ensemble paysager

Lento, Scolca, Bigorno, Canavaggia, Urtaca, Campitello, Lama, Sorio, Pietralba, San-Gavino-Di-Tenda, Pieve, Murato, Volpajola, Vignale, Santo-Pietro-Di-Tenda, Rutali,

Massif cristallin le plus septentrional de l’île, dernier « bastion » de la Corse granitique – même s’il se prolonge au nord par le massif littoral de l’Agriate –, l’ensemble montagneux du Tenda prend la forme d’un grand croissant qui vient fermer le bassin versant de la Conca d’Oru. Depuis ses premiers contreforts jouxtant ceux de l’Agriate au-dessus de la vallée de l’Ostriconi, jusqu’au Monte Sant’Anghjulu où les reliefs virent vers l’est, la chaîne suit approximativement un axe nord-ouest sud-est. De ses pentes naissent au nord deux cours d’eau importants : l’Alisu qui va drainer le Nebbiu-Conca d’Oru, et le Bevincu qui ira alimenter, plus bas dans la plaine orientale, l’étang de Biguglia. D’autres rivières descendent des versants occidentaux, d’où elles rejoignent le fleuve Ostriconi, et des pentes sud (Costa Roda) pour aller grossir les eaux du Golu (1,2- Points de vue sur le massif à partir des hauteurs proches du village de Soriu dans le Nebbiu ; 3-Les reliefs du Tenda vus depuis le pont de Trepide dans la vallée de l’Ostriconi).

Le Tenda n’égale pas en altitude les hautes montagnes de la grande cordillère insulaire. Le Monte Astu culmine à 1535 mètres, le Monte Reghja di Pozzu à 1469 mètres. Depuis les sommets et les crêtes les plus hautes s’ouvrent pourtant des panoramas d’une ampleur exceptionnelle, que ce soit vers le nord – nord-est sur le cirque du Nebbiu, le golfe de Saint-Florent et le Cap Corse (4a), où vers l’ouest et le sud-ouest, sur les doux vallonnements de l’Ostriconi, du Caccia et la grande barrière du massif du Cintu (4b).

Par ailleurs, même si l’élévation générale reste modeste, le cœur du massif n’en présente pas moins des reliefs vigoureux et des ambiances typiques de la montagne corse. On y retrouve notamment ces paysages très dénudés où les pelouses et landes d’altitude occupent l’espace laissé libre par les affleurements rocheux et le désert minéral des sommets (5-le massif vu depuis le sommet du San Pedrone ; 6-Panorama sur le Sant’Anghjulu depuis le col de Bigornu).

La chaîne du Tenda se singularise par le caractère relictuel des boisements qu’elle abrite. Le couvert forestier des versants se réduit ici à sa plus simple expression, ce qui contribue à renforcer l’ambiance de « haute montagne ». Çà et là dans les grandes étendues de landes, quelques bosquets isolés subsistent aux endroits les plus protégés, tels que les ravins et étroits vallons dont ils profitent de la fraîcheur. Ces reliques arborées épargnées par les défrichements forestiers et les incendies sont la mémoire des peuplements qui colonisaient le massif autrefois : chênes verts, chênes pubescents, puis plus haut sur les pentes, ifs, houx, châtaigniers mais aussi de rares pins laricio. Leur sauvegarde est importante tant pour la diversité des milieux et des paysages que pour la préservation des sols et celle de la ressource en eau.
Longtemps le Tenda, à la fois zone d’estive et de cultures, a été le grenier des villages du Nebbiu, de l’Ostriconi et de Costa Roda. La trame de l’ancien parcellaire agropastoral qui reste imprimée sur les versants du massif, parfois jusqu’à plus de 1200 mètres d’altitude, en atteste encore dans le paysage (7-Traces d’anciennes terrasses agricoles sur les pentes sud-ouest du monte Astu).

Outre les réseaux de murs de pierre sèche et de chemins muletiers, la montagne conserve de nombreux paillers, ainsi que des aires de battage (aghje) sur les petits cols et plateaux exposés au vent. Leur visibilité est favorisée par la présence dans le massif de troupeaux de bovins, de chèvres et de moutons qui maintiennent les milieux relativement ouverts, entre pâturages et fruticées basses (8a, 8b).

A l’Est de la Bocca di Tenda notamment, le plateau qui s’étend entre le Monte Reghja di Pozzo et le « chicot » du Sant’Anghjulu, est tapissé d’une mosaïque de pelouses humides et de landes où les traces d’anciennes terrasses de cultures ressortent avec une netteté particulière. Sur ce plateau, véritable château d’eau pour la région, surgissent d’innombrables sources et résurgences qui alimentent généreusement les ruisseaux. Certaines fontaines aménagées ont fait l’objet d’une restauration. Tous ces points d’eau créent des « oasis » contrastant avec l’aridité des fruticées environnantes.

Les reliefs s’abaissent quelque peu dans la branche orientale du massif. La ligne de crêtes qui relie le col de Bigornu (885 m) à la cime des Taffoni (1117 m) domine la haute vallée du Bevincu et les villages de Rutali et Murato. Ici les substrats granitiques du socle cristallin laissent place aux ophiolites et aux schistes : cette partie du Tenda est un chaînon de transition entre les montagnes du Cap Corse et celle du San Pedrone en Castagniccia. Sur ses pentes prospèrent des fruticées naines à euphorbe épineuse, mais aussi des ensembles forestiers et pré-forestiers originaux. La forêt territoriale de Stella abrite ainsi des peuplements de chênes verts en conditions de fraîcheur, mêlés de bosquets de houx, d’ifs et de quelques autres essences rares, entrecoupés de zones humides tourbeuses qui participent à la diversité et la singularité de ces milieux.

Références bibliographiques

Inventaire du patrimoine naturel corse. Crêtes du Monte Asto – Sant’Angelo, ZNIEFF n°01040000 (1090 hectares).

Charles Pujos, La Corse des montagnes, Glénat, 2005

Les unités paysagères

Bloc diagramme 3D

Sources - IGN / Ortho HR Janvier 2021 / RGE Alti 2020

1.01

A - Monte Astu

Remonter VERS

Unités paysagères

Sous le décor minéral des sommets, dont les tons gris clairs se nuancent de rose ou de bleu selon l’heure et la qualité de la lumière, la végétation quant à elle change de carnation avec les saisons : dès que l’été s’éloigne, les pigments bruns des bruyères et les belles teintes rousses des fougères lui donnent ses couleurs hivernales.

Sur les versants du Monte Astu regardant le Nebbiu, le substrat rocheux affleure comme une croûte craquelée. Le sol cultivable paraît inexistant. Au milieu de la lande on devine pourtant quelques traces anciennes d’occupation agricole…

Chaque printemps de belles prairies fleuries égayent l’ambiance parfois austère de ces montagnes en enrichissant la palette paysagère de leurs couleurs vives.

Au pied des masses rocheuses des sommets, là où naissent les vallons, les talwegs sont mis en évidence par les couleurs vives des fougères et les chevelures de quelques bosquets, ici de châtaigniers.

Cet espace autrefois cultivé d’une façon intensive, aujourd’hui à l’abandon, marqué par les anciens défrichements et par le passage des incendies, offre encore un paysage poignant où l’imagination parvient sans grande difficulté à faire resurgir le passé.

1.01

B - Monte Reghia

Remonter VERS

Unités paysagères

Au pied du Monte Sant’Anghjulu, des vestiges de murets de pierre sèche évoquent la présence d’anciennes terrasses agricoles. Bien que les cultures soient depuis longtemps abandonnées, la présence de bétail – chèvres, vaches mais aussi chevaux – permet de garder l’espace ouvert. Les milieux les plus menacés sont ici les pelouses et les prairies humides autour des points d’eau.

Le plateau incliné entre les Monti Reghja di Pozzo et Sant’Anghjulu culmine à 1200 mètres. Malgré l’élévation relativement modeste, la présence de très nombreuses sources et fontaines autour des sommets et sur l’étendue du plateau, donne à ce paysage des airs d’alpage. Les pelouses humides que l’on y rencontre se révèlent très proches, par leur végétation et le substrat, des pozzines d’altitude des grands massifs de la montagne corse.

Les anciennes terrasses sur le plateau, vues ici depuis le Monte Sant’Anghjulu, sont envahies par les fougères et une végétation basse composée notamment d’immortelles, de bruyères et de thyms. Ces terrasses avaient été aménagées jusque sous la rocaille des sommets, comme ici sur les flancs d’I Compuli qui s’élève devant le Sant’Anghjulu.

Les versants tournés vers le Nebbiu et le golfe de Saint Florent sont souvent noyés dans la brume. Entre les affleurements rocheux parvient à se développer un maquis bas, très dégradé sans doute par les incendies, ou dominent les bruyères, les cistes et les fougères avec quelques arbres isolés. Seuls les vallons conservent un manchon arboré un peu plus conséquent.

Le ruisseau du Manghjatoghju est alimenté par une partie des innombrables sources qui naissent au pied des Monti Sant’Anghjulu et Reghja di Pozzu. Un tapis dense de fougères aigle avec quelques taches de joncs aux teintes plus sombres souligne la présence du cours d’eau.

Motifs & Enjeux

Aucune donnée définie dans l'atlas
Aucune donnée définie dans l'atlas

Motifs & Enjeux