Les contreforts montagneux qui s’élèvent au sud-est du Fium’Orbu, à l’aplomb de la plaine orientale, sont entaillés de petites vallées profondes et tourmentées, creusées par des cours d’eau au régime torrentiel très affirmé. Du nord au sud, se succèdent les rivières de Saltarucciu et de Varagnu, affluents de la rive droite du Fium’Orbu descendus des crêtes de Prati-Usciolu (massif du Renosu) ; puis l’Abatescu, petit fleuve côtier issu des mêmes hauteurs ; et enfin le Travu, qui a pris naissance sur le plateau du Cuscionu (massif de Bavella-Cuscionu) et va également se jeter dans la mer Tyrrhénienne (1-Depuis la crête de Serra di Fium’Orbu, vue d’ensemble sur le système de vallons et de crêtes).
Ces vallées structurent un ensemble très boisé, aux reliefs presque entièrement recouverts d’un manteau forestier depuis les berges des rivières jusqu’aux pâturages d’estive occupant les parties sommitales des versants (2-Aperçu des vallons secondaires depuis la RD245 à proximité d’Isolaccio ; au fond, la ligne de crête majeure de Serra a été traitée en pare-feu).
Le maquis arboré à chêne vert prédomine, en mélange avec le chêne liège, le pin mésogéen, ou le châtaignier dans les vallons frais à hauteur des villages. Plus haut, on rencontre le pin laricio et le hêtre sur les ubacs d’altitude. L’importance et la densité de la végétation ne laissent apparaître que peu d’affleurements rocheux, lesquels suffisent néanmoins à rompre l’uniformité du couvert végétal. Celui-ci masque aussi le tracé des rivières. Les larges lits des principaux cours d’eau, l’Abatescu et le Travu, encombrés de gros blocs de rochers roulés, témoignent pourtant de la puissance du courant, et surtout, de la violence des crues qui empêchent la formation d’une véritable ripisylve. Vasques naturelles et cascades y constituent des points d’attraction touristiques (3-Le Travu).
La vallée la plus ample, celle de l’Abatescu, est également la plus habitée. Ici comme dans les vallées voisines, la plupart des villages se sont positionnés en balcon sur la plaine, à l’extrémité des crêtes qui surplombent l’espace littoral : Lugo di Nazza, Poggio di Nazza, Prunelli di Fium’Orbu, Serra di Fium’Orbu, Ventiseri, Solaro semblent ainsi garder l’entrée des vallons, et par là même l’accès à la montagne. Si ce n’était leur situation dominante, ils émergeraient à peine de la mer végétale, la régression générale des activités agricole ayant fortement concouru à fermer les paysages. Les villages ou hameaux situés plus à l’intérieur, dans des replis du relief, ne se découvrent qu’à l’arrivée sur les maisons. A noter : la présence d’une petite station thermale sur les bords de l’Abatescu au niveau du hameau de Petrapola (4-Le village de Serra-di-Fium’Orbu, dominant la plaine orientale et la mer qui apparaissent dans l’échancrure de la vallée de l’Abatescu).
Les petites routes départementales relient ces villages de manière transversale, sans créer de réelle ouverture sur la plaine. Elles font des montagnes russes d’un vallon à l’autre en épousant au plus près les courbes du relief. D’où un manque de recul visuel qui accentue le sentiment d’enclavement, voire d’« enfermement ». Seuls les points hauts des villages et quelques crêtes dégagées par l’aménagement d’un pare-feu offrent des vues panoramiques. Par ailleurs aucune route ne se prolonge vers les massifs de l’intérieur. L’ensemble n’en est pas moins une porte d’entrée vers les montagnes, grâce un réseau dense de pistes et de sentiers pédestres – dont le Mare a Mare centre – qui montent depuis les hameaux jusqu’aux grandes forêts domaniales de Pietra Piana et du Fium’Orbu, et au-delà, aux crêtes de Prati-Usciolu.