Cette longue vallée suit un parcours assez rectiligne du nord-est vers le sud-ouest, en descendant du massif de l’Ospedale, où elle prend naissance sur les versants de la Punta di a Vacca Morta (1314 m), jusqu’à son débouché sur la mer qui forme le golfe de Roccapina. Sur son flanc oriental, le bassin versant de l’Ortolu s’appuie sur les versants ouest du massif montagneux de Cagna, dont les hautes crêtes granitiques plongent vers le littoral, déterminant du même coup l’orientation de la vallée (1). Celle-ci est délimitée sur l’autre rive par les reliefs moins élevés et plus doux séparant l’ensemble du Sartenais et de la vallée du Rizzanese. Au sud-ouest, cette ligne de séparation est cependant renforcée par les escarpements du revers du plateau de Cauria, composante du massif de Campomoru-Senetosa.
La partie haute de l’ensemble présente un profil en « V » typique des vallées torrentielles. Les versants sont ici couverts d’un manteau de maquis arboré sous lequel les rares hameaux tendent à disparaître (2).
A l’aval d’un verrou rocheux qui a permis d’aménager sur le cours d’eau un petit lac de barrage, la vallée s’élargit. Elle prend alors la forme d’une cuvette au fond relativement plat. La pente générale s’adoucit, mais le paysage est animé par tout un appareil de petites collines qui font la liaison avec les versants. L’Ortolu, dont le cours est en grande partie orné d’une belle ripisylve (aulnes et saules dominants), louvoie entre ces doux vallonnements dans un paysage agricole et bocager remarquablement rythmé par les ondulations du relief. Dans cette plaine, habitée mais très peu bâtie, toutes les composantes – les éléments naturels, le parcellaire agricole, et même les quelques pistes et bâtiments d’exploitation – participent à la construction d’un paysage harmonieux que l’on peut admirer depuis la RN196 si l’on prend le temps de s’attarder un peu (3-la moyenne vallée de l’Ortolu, au profil ample et doux, forme un bassin fertile propice aux activités agropastorales).
Le danger principal reste l’incendie qui dénude les versants, mettant à jour d’anciennes terrasses de cultures, mais aussi des chaos de roches granitiques caractéristiques des montagnes du sud de la Corse (4).
Un domaine de chasse privatisé occupe l’essentiel de la basse vallée, laquelle débouche sur la superbe plage de sable d’Erbaju, protégée par les difficultés d’accès car aucune route viabilisée n’y conduit. Les dunes et les zones humides remarquablement préservées de l’embouchure de l’Ortolu complètent la palette de paysages et de milieux naturels que l’on peut rencontrer en parcourant les différents étages de cet ensemble (5).
Peu de routes cependant facilitent cette découverte. La plus fréquentée, la RN196 ne fait que traverser la partie basse de la vallée. Bien qu’il s’agisse d’un axe « rapide », donc a priori peu propice à la flânerie, son parcours offre des visuels intéressants et qui contrastent avec les ambiances des ensembles situés immédiatement au sud et au nord de la vallée de l’Ortolu. D’autres routes départementales proposent des perspectives différentes, en particulier la RD59 : cet axe secondaire, reliant l’Alta Rocca au massif de Cagna et aux piémonts de Porto Vecchio en passant par les cols d’Ava (731 m) et de Bacinu (809 m), au pied de la Punta di a Vacca Morta, offre des vues plongeantes sur les paysages sauvages de la haute vallée (6-en arrière-plan, la touche claire du barrage de l’Ortolu se détache sur le décor vert sombre du maquis ; 7).