Au sud-ouest de Calvi, depuis le golfe de la Revellata en limite de la ville, jusqu’à la Punta di Ciuttone qui borne le golfe de Galeria, se succèdent une série de versants abrupts plongeant dans la mer, exposés aux vents fréquents qui balayent cette côte (1).
Cet ensemble littoral est séparé du Marsulinu et de la Balagne intérieure par la ligne de crêtes qui relie, du sud au nord, le Capu di l’Argentella (813 m), le Capu Pianu (848 m) et le Capu di a Conca (725 m), avant de piquer dans la Méditerranée à la pointe de la Revellata.
Une seule petite route – la RD81b – traverse la micro région dans toute sa longueur, en épousant les replis sinueux du relief (2).
Elle permet de découvrir l’ensemble sous ses deux facettes : en façade maritime, une côte de granite escarpée et souvent inhospitalière, où domine entre les affleurements rocheux, un maquis bas brossé par les embruns ou dégradé par les incendies, ne s’entrouvrant que sur de rares criques et une seule grande plage de sable (Crovani) (3-4) ; côté terre, un paysage déjà montagnard, avec quelques petites plaines là où le relief s’écarte un peu de la côte, encore exploitées au sud mais largement désertifiés en partie nord.
côté terre, un paysage déjà montagnard, avec quelques petites plaines là où le relief s’écarte un peu de la côte, encore exploitées au sud mais largement désertifiés en partie nord.
L’ambiance générale est celle d’un espace abandonné, qui dénie en cela son appartenance à la Balagne hautement « civilisée ». L’ensemble n’est guère habité, à part quelques hameaux et quelques fermes isolées…pour la plupart inoccupées. Cependant les traces de l’ancien monde rural sont encore bien visibles dans le paysage, tout comme celles laissés par les incendies (5b).
On ressent le fait que le substrat granitique ne laisse que peu d’espace et de profondeur aux sols : les maigres prairies, caillouteuses, paraissent peu fertiles et seulement propices au pâturage entre l’automne et le printemps (6).
Aux portes de la ville, le promontoire de la Revellata forme un « monde à part », un grand site naturel qui tranche aussi bien sur le proche décor urbain que sur l’arrière-plan de la baie de Calvi, avec lesquels il est en relation visuelle directe. Davantage qu’à la Revellata, aujourd’hui strictement protégée, c’est à l’arrière du golfe éponyme que la délimitation de la frontière entre urbanisation et paysage naturel représente un enjeu : les constructions débordent déjà dans la pointe nord de l’ensemble et tendent à la transformer en « banlieue » de Calvi. Plus au sud les enjeux ne sont pas les mêmes. La pression anthropique disparaît. La côte très découpée de Nichiaretto, où s’ancre la presqu’île, garde jusqu’au Capu Cavallu un caractère sauvage (7).
La présence humaine – quasi inexistante à hauteur de Punta Bianca et de la baie de Nichiareto – est liée dans la plaine de l’Argentella aux activités agropastorales dont le maintien contribue directement à la qualité des paysages (8).