Atlas des paysages

de la Corse

4.01 - Côtes De Luzzipeu

Les communes de l'ensemble paysager

Calvi, Calenzana,Galeria

Au sud-ouest de Calvi, depuis le golfe de la Revellata en limite de la ville, jusqu’à la Punta di Ciuttone qui borne le golfe de Galeria, se succèdent une série de versants abrupts plongeant dans la mer, exposés aux vents fréquents qui balayent cette côte (1).

Cet ensemble littoral est séparé du Marsulinu et de la Balagne intérieure par la ligne de crêtes qui relie, du sud au nord, le Capu di l’Argentella (813 m), le Capu Pianu (848 m) et le Capu di a Conca (725 m), avant de piquer dans la Méditerranée à la pointe de la Revellata.

Une seule petite route – la RD81b – traverse la micro région dans toute sa longueur, en épousant les replis sinueux du relief (2).

Elle permet de découvrir l’ensemble sous ses deux facettes : en façade maritime, une côte de granite escarpée et souvent inhospitalière, où domine entre les affleurements rocheux, un maquis bas brossé par les embruns ou dégradé par les incendies, ne s’entrouvrant que sur de rares criques et une seule grande plage de sable (Crovani) (3-4) ; côté terre, un paysage déjà montagnard, avec quelques petites plaines là où le relief s’écarte un peu de la côte, encore exploitées au sud mais largement désertifiés en partie nord.

côté terre, un paysage déjà montagnard, avec quelques petites plaines là où le relief s’écarte un peu de la côte, encore exploitées au sud mais largement désertifiés en partie nord.

L’ambiance générale est celle d’un espace abandonné, qui dénie en cela son appartenance à la Balagne hautement « civilisée ». L’ensemble n’est guère habité, à part quelques hameaux et quelques fermes isolées…pour la plupart inoccupées. Cependant les traces de l’ancien monde rural sont encore bien visibles dans le paysage, tout comme celles laissés par les incendies (5b).

On ressent le fait que le substrat granitique ne laisse que peu d’espace et de profondeur aux sols : les maigres prairies, caillouteuses, paraissent peu fertiles et seulement propices au pâturage entre l’automne et le printemps (6).

Aux portes de la ville, le promontoire de la Revellata forme un « monde à part », un grand site naturel qui tranche aussi bien sur le proche décor urbain que sur l’arrière-plan de la baie de Calvi, avec lesquels il est en relation visuelle directe. Davantage qu’à la Revellata, aujourd’hui strictement protégée, c’est à l’arrière du golfe éponyme que la délimitation de la frontière entre urbanisation et paysage naturel représente un enjeu : les constructions débordent déjà dans la pointe nord de l’ensemble et tendent à la transformer en « banlieue » de Calvi. Plus au sud les enjeux ne sont pas les mêmes. La pression anthropique disparaît. La côte très découpée de Nichiaretto, où s’ancre la presqu’île, garde jusqu’au Capu Cavallu un caractère sauvage (7).

La présence humaine – quasi inexistante à hauteur de Punta Bianca et de la baie de Nichiareto – est liée dans la plaine de l’Argentella aux activités agropastorales dont le maintien contribue directement à la qualité des paysages (8).

Bloc diagramme 3D

Sources - IGN / Ortho HR Janvier 2021 / RGE Alti 2020

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A - Pointe de la Revellata

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Unités paysagères

Un chemin serpente sur la haute proue cristalline de la presqu’île de la Revellata qui ferme le golfe de Calvi. Depuis ce belvédère, la citadelle génoise apparaît en majesté, se détachant sur l’amphithéâtre des montagnes qui semblent peintes à même le ciel, et en plan plus rapproché la courbe blonde de la plage frangée d’une verte pinède. Malgré la proximité de la ville et la pression foncière, la protection pérenne du site est garantie par son inscription au titre de loi de 1930 et son intégration au domaine du Conservatoire du littoral.

Le promontoire de la Revellata présente deux faciès différents. Le versant occidental, exposé aux tempêtes, est profondément découpé et couvert d’un maquis ras brossé par les embruns. Le relief se fait plus doux sur la face orientale abritée des vents d’ouest : c’est là qu’ont été découverts des vestiges d’habitat néolithiques.

Des pistes mènent au phare érigé au XIXe siècle à la pointe de la presqu’île. En contrebas, la grotte des veaux marins abritait autrefois des phoques moines, disparus de l’île à la fin des années 1970. Sous le phare s’est établie une station de recherches océanographiques.

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B - Côte de Nichiareto

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Unités paysagères

En partie nord de l’unité, les hauteurs de Notre-Dame de la Serra offrent une vue splendide sur la citadelle de Calvi, la presqu’île de la Revellata, et les lotissements construits au pied de celle-ci, sur la rive ouest du golfe éponyme. Lorsque l’on regarde vers la mer vers l’ouest, on découvre la côte rocheuse sauvage, âpre et abrupte, parfois apaisée par de petites baies.

Mais vers l’intérieur, l’ambiance est déjà très montagnarde, renforcée par les roches affleurant, le maquis bas et des crêtes très prononcées.

Le secteur jouxtant la ville a pris des allures d’« arrière-cour » de Calvi. Il a longtemps accueilli la décharge d’ordures ménagères, aujourd’hui fermée ; malgré les efforts de cicatrisation, le site porte encore les stigmates de décennies de dépôts à ciel ouvert. Les nombreuses pistes ouvertes en tous sens, la présence d’une carrière abandonnée concourent à donner le sentiment d’être dans les « coulisses » de la ville, dans un espace de relégation des fonctions urbaines que l’on ne souhaite pas mettre en premier plan. Les paysages sont en voie de réhabilitation mais il faudra du temps pour faire oublier qu’ils ont été bien maltraités…

Au sud de Punta Bianca les signes d’activité humaine se raréfient. On croise un hameau ruiné ; le sentiment d’abandon serait complet, si ce n’était la présence de pylônes électriques qui ne semblent pas à leur place. D’anciennes bergeries sont groupées à la lisière de la plage bordant la petite baie de Nichiareto. Les constructions de pierre sèche, les pâtures encloses de murets composent un paysage pastoral qu’il est habituel de rencontrer plus haut en altitude. Comme dans certains lieux de l’Agriate, les perceptions se brouillent : on ne sait plus trop si l’on se trouve en bord de mer ou bien à la montagne.

Des éoliennes se dressent sur la crête perpendiculaire à la mer qui sépare l’unité de la plaine de l’Argentella. Les grands moulins sont moins gênants dans le paysage que les pistes tracées pour les construire et les desservir.

Départ des pistes de desserte des éoliennes, création d’une aire de stationnement, plantation d’eucalyptus…Comme beaucoup de cols en Corse celui de Bocca Serria a fait l’objet d’aménagements pour le moins discutables.

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C - L’Argentella

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Unités paysagères

Au-delà du col le paysage de maquis et de rocailles laisse place à de petites plaines, animées par des prairies bocagères, quelques vergers, des bosquets d’oliviers cultivés, ses prairies et ses vergers. Ces cuvettes sont cernées par les hautes crêtes rocheuses, tandis que la mer disparaît à la vue, ce qui donne le sentiment d’être dans une vallée fermée. La présence de quelques fermes isolées les unes des autres amplifie la perception des échelles.

A Luzzipeu, difficile de ne pas avoir l’œil attiré par les vestiges de Torre Mozza, le pavillon de chasse du prince Pierre-Napoléon Bonaparte, sur son éminence dominant la plaine. Cette bâtisse aux allures de maison fortifiée, bâtie en 1852 en lieu et place d’une ancienne tour, a été incendiée dès la chute du Second Empire.

En bord de mer, la ligne de falaises granitiques s’incurve au niveau du Capu di a Mursetta : c’est la baie de Crovani, dont la plage et l’étang d’arrière-plage sont désormais protégés par le Conservatoire du littoral. Au sud de ce site naturel, un quai d’embarquement et des bâtiments d’usine désaffectés rappellent que ces lieux ont un passé industriel. Puis la côte rocheuse reprend ses marques.

Comme le toponyme en témoigne, du plomb argentifère a été extrait dès l’époque génoise des mines de l’Argentella, exploitées à ciel ouvert ou en galeries creusées à flanc de montagne. On extrayait du cuivre à Valle Calde et, en bord de mer, le minerai de fer au lieu-dit Ferraghjola. Les mines ont été fermées au début du XXe siècle, mais elles continuent à marquer le paysage : outre des bâtiments, les cônes d’éboulis, le barrage hydraulique, les plantations forestières sur les terrasses aménagées jadis autour des entrées de galeries entretiennent la mémoire de cette histoire industrielle.

Motifs & Enjeux

Aucune donnée définie dans l'atlas
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