Historiquement, l’ensemble recoupe le territoire de l’ancienne pieve de Caccia, laquelle englobait les communes actuelles d’Asco, de Moltifao et de Castifao. D’un point de vue géographique et paysager, le bassin versant de l’Ascu et de ses affluents constitue un espace de transition entre le massif du Cintu, point culminant de la grande cordillère intérieure, et la dépression centrale de la Corse. Il montre deux visages contrastés mais complémentaires, exprimant cette double appartenance à la montagne et à la plaine.
Appuyée sur le versant nord du Cintu, la vallée d’Ascu descend vers le Sillon selon une orientation sud-ouest – nord-est, parallèle à celle des vallées voisines de la Tartagine (au nord) et du haut Golu (au sud). Elle naît dans le cirque majestueux du Haut Ascu, cerné par une vingtaine de sommets dépassant les 2000 – Muvrella, Monte Corona, Monte Padru… – et même les 2500 mètres – Punta Minuta, Capu a u Verdatu, Capu Biancu, Cintu…
De l’amont vers l’aval, l’Ascu présente la succession de profils caractéristique des grandes vallées de la montagne corse : la vallée en « U » typique de l’ancien étage glaciaire, taillée dans les roches éruptives (rhyolites) du volcan du Cintu, se resserre plus bas pour adopter une forme en « V », avant de s’encaisser dans la partie aval, où la rivière a creusé des gorges dans le granite (1).
A chaque séquence correspond un paysage végétal : la végétation de haute montagne sous les crêtes du niveau supérieur, la forêt de pins laricio sur les versants de la vallée en « V », puis les pins maritimes et le maquis à chêne vert à l’approche du défilé. Enclavée entre le verrou des gorges et les grands sommets, la vallée n’a été reliée par la route au reste de l’île qu’en 1937. Elle ne compte qu’un seul village, Asco, accroché au versant sud au-dessus d’un vallon secondaire.
La RD147 qui remonte le cours de la rivière en fond de vallée, s’achève en cul-de-sac au fond du cirque du Haut Ascu, où subsistent les vestiges d’une station de ski désaffectée depuis les années 1980.
Le reste de l’ensemble offre un faciès tout différent. Avant de déboucher sur le Sillon, les deux rivières principales du Caccia, l’Ascu et le cours inférieur de son affluent la Tartagine, traversent un paysage de collines arrondies entrecoupées de vallons au creux desquels elles fertilisent de petites plaines. L’ambiance est ici très fortement rurale (2).
Sur les pentes des collines, aujourd’hui vouées au pacage bovin extensif, le maquis bas à ciste, les prairies plus ou moins embroussaillées, les rares arbres isolés sont les marques de la déprise pastorale et des incendies passés. L’absence de grandes étendues de maquis arboré ou de boisements conséquents révèle avec une netteté particulière l’ancienne trame de murets, terrasses, vergers, fermes, paillers, aires de battage et chemins, héritée d’une riche histoire agricole.
Le paysage des plaines n’exprime pas le même sentiment d’abandon. Cela tient d’abord à la présence de l’eau. On lui doit de belles ripisylves d’aulnes le long des rivières, la fraîcheur de zones marécageuses – dont des tourbières exceptionnelles dans le contexte méditerranéen à cette altitude – mais aussi un patrimoine unique de jardins irrigués sur les dépôts alluviaux des rives de l’Ascu (3).
Ce parcellaire bocager se répète plus amplement dans les plaines environnantes (4-prairies bocagères des plaines d’Ascu, avec en toile de fond les aiguilles de Popolasca et l’échancrure de la vallée d’Ascu).
Des terrasses cultivées subsistent également autour des villages de Moltifao et Castifao, implantés en crête à la limite des plaines, sur les premiers replis de la montagne.