Atlas des paysages

de la Corse

Les paysages de la Corse

Les reliefs souvent majestueux constituent la grande architecture de la géographie de la Corse. Surgissant haut au-dessus de la Méditerranée, ils arment l’espace insulaire en lui donnant la puissance d’une chaîne de montagnes, et l’allure générale d’une « montagne dans la mer ». Très vite, à l’automne, les sommets se couvrent de neige, détachant en blanc le domaine montagnard de celui des vallées, des plaines et des piaghje (basses terres littorales). En termes de paysages, les limites inférieures des massifs ne correspondent pas toujours à une altitude fixe. Elles sont déterminées par la sensation d’entrer dans le monde propre des sommets.

Cette impression dépend des ensembles montagneux, mais aussi, localement, des expositions. Il est un moment, lors d’une ascension ou en grimpant sur un sentier de randonnée, où l’on sort de la vallée, où les sommets voisins se dévoilent, où le sentiment d’altitude et de détachement se fait plus fort. La végétation rase, l’omniprésence de la roche nue – granite ou schiste selon la géologie du massif –, les lacs d’altitudes avec leurs prairies d’altitude perlées de pozzi, mais aussi les nombreuses bergeries dont beaucoup sont abandonnées, participent à créer cette ambiance de montagne.

La composante naturelle est prépondérante, traduite par des impressions de nature sauvage, originelle, où l’homme n’a pas ou peu d’impacts même si en réalité, l’influence humaine imprègne aussi ces paysages. La complexité et la dimension des reliefs, associées à la diversité des motifs de la géologie et de la végétation, font des massifs de la montagne corse des zones d’excellence paysagère. Ces territoires naturels ou semi naturels d’accès parfois difficile (absence de réseaux routiers, âpreté du relief, sévérité du climat) ou désinvestis depuis plusieurs décennies, sont devenus le refuge d’espèces animales ou végétales patrimoniales et emblématiques. Dans ces véritables châteaux d’eau insulaires, la protection des sources, zones humides et hauts bassins versants doit être garante de la pérennité des ressources en eau et de leur qualité.

Les pratiques agropastorales et, plus généralement, l’économie traditionnelle liée à la montagne (transhumance, habitat, savoir faire) continuent de décliner, ne se maintenant « sous perfusion » que grâce aux subventions et à la diversification des activités liée à l’augmentation de la demande récréative touristique (activités de plein air tels que promenade, randonnée pédestre, à cheval, escalade, canyoning, ski…).

L’espace est relativement peu occupé et seulement de manière saisonnière. Il en résulte une tendance à la fermeture des milieux, partout où la végétation a le loisir de se développer, conduisant à une certaine banalisation des paysages via ces dynamiques secondaires. Bien que ponctuelle et saisonnière, la fréquentation touristique est en forte augmentation depuis quelques décennies sur le réseau de sentiers et en hiver dans les stations de ski. Les flux de visiteurs sont devenus difficiles à réguler dans certains secteurs aux paysages prestigieux : d’où des perturbations de milieux naturels souvent fragiles et des problèmes de gestion (lieux d’accueil, évacuation des déchets…) pour lesquels des solutions restent encore à trouver.

Ce type de paysage, présent surtout sur la rive occidentale de l’île, se singularise par la proximité du relief et du littoral, mais aussi par la brusquerie de la rencontre entre les mondes terrestre et marin : la montagne semble littéralement « tomber dans la mer ». Par ailleurs, les reliefs possèdent ici une cohérence, une masse intrinsèque, qui justifient de les distinguer de la catégorie des « versants abrupts ». Ils se détachent de la chaîne de montagnes qui forme la grande dorsale de l’île, tout en présentant des caractères propres qui ne sont pas sans évoquer ceux des massifs montagneux : versants raides, émergences rocheuses, routes souvent absentes ou très étroites et sinueuses, sentiers escarpés, vues « aériennes »…

L’ambiance dominante très minérale, la faiblesse des réseaux hydrologiques à régime généralement temporaire, la rareté des voies « pénétrantes » au cœur des massifs, les difficultés d’accès au littoral escarpé sont autant d’éléments qui concourent à créer une sensation d’isolement. L’habitat est d’ailleurs très clairsemé, constitué de hameaux dispersés et de rares villages. Pourtant ces espaces ont fait autrefois l’objet d’une intense mise en valeur agropastorale, conduisant à les considérer parfois – à l’instar de l’Agriate – comme de véritables greniers d’hiver pour les populations des montagnes voisines. Il reste aujourd’hui la mémoire de ce passé matérialisée par d’innombrables vestiges d’un patrimoine bâti rural enfoui pour l’essentiel sous le tapis vert du maquis.

Aujourd’hui, même lorsqu’ils sont situés à proximité d’un pôle urbain, les massifs littoraux sont relativement épargnés par l’urbanisation littorale. Le relief escarpé contribue à les préserver. Et surtout, leurs paysages sont depuis longtemps reconnus comme exceptionnels et à ce titre, ils font souvent l’objet de protections spécifiques (acquisitions du Conservatoire du littoral, sites inscrits et classés…). Leur caractère naturel, lié à la singularité d’un paysage qui marie si intimement la montagne et la mer, doit être à tout prix sauvegardé.


C’est le type de paysage le plus représenté en Corse. A l’échelle de l’île, il est structuré en « arêtes de poisson » qui descendent vers le littoral depuis la colonne vertébrale des massifs montagneux. Les vallées ont ainsi pour fonds de décor les hauts sommets des massifs, et à proximité de l’embouchure des cours d’eau, les plaines littorales et la mer. Hormis en partie haute, où leur forme plus évasée rappelle l’existence passée d’anciens glaciers, elles présentent un profil en « V » plus ou moins émoussé selon la nature des étroites plaines inondables, plus ou moins ramifié, qui se referme souvent en gorges spectaculaires avant de déboucher sur une plaine.

La rivière ou le fleuve qui coule au fond de ce « relief en creux » garde sur la plus grande partie de son cours un régime torrentiel ; le cours d’eau n’est guère visible, son lit étant masqué par une ripisylve abondante et parfois inextricable.

Sauf à proximité immédiate des villages ou hameaux, les versants – jadis défrichés et cultivés – sont désormais revêtus d’un manteau dense de maquis ou de forêt, selon l’altitude et l’exposition. Les routes qui passent en fond de vallée ou en balcon sur les versants profitent de la présence de « fenêtres » ouvertes dans cette végétation. Elles ouvrent de beaux points de vue qui rendent lisibles les grandes structures et révèlent les paysages intérieurs.

Le relief contribue à une compartimentation parfaite. Les anciennes voies de communication, à savoir quelques cols et les sentiers franchissant les crêtes, reliaient autrefois aisément une cuvette à une autre, un bassin versant à ses voisins, en favorisant les échanges. De nos jours, les routes privilégient les axes des vallées, en confluant vers le littoral. Les communications entre vallées ont été au fil du temps ramenés vers la côte.

C’est sur les replis des versants des vallées, autour de 600 mètres d’altitude, que sont installés la majorité des villages et noyaux anciens d’habitat. C’est là que l’on trouve aussi la grande majorité des forêts, châtaigneraies, vergers, cultures vivrières et élevages. Ces motifs et activités contribuent à façonner des paysages d’une grande qualité, qu’il importe de préserver en respectant les caractères qui fondent leur identité.

Ce type de paysage a beau être rare – il n’est représenté en Corse que par trois ensembles –, il est intimement associé à l’image de l’île. L’expression « plonger dans la mer » prend ici tout son sens. Elle caractérise des versants à forte déclivité et très minéraux, dessinant au niveau de la mer une frange côtière rocheuse aux contours en dentelle. Les falaises, éperons, calanques, caps et pointes s’élançant vers le large, les anses ou baies inaccessibles par voie terrestre y constituent des motifs récurrents. Les routes peu nombreuses, accrochées en balcon ou creusées dans les parois, suivent généralement les sinuosités du rivage ; les ouvrages d’art anciens qui les accompagnent sont remarquables de prouesses techniques et esthétiques.

 

A l’exception des côtes de Capicciola à la Chiappa, relativement plus accessibles, la vigueur du relief limite naturellement la pression urbanistique. La prise de conscience collective de la qualité des paysages et des milieux naturels contribuent également à préserver ces bords de mer : une protection assurée notamment grâce à la présence des réserves naturelles de Scandola et des Bouches de Bonifacio, de nombreux sites classés et d’importantes acquisitions du Conservatoire du littoral.

Ce type de paysage ne se rencontre guère que sur la façade orientale de l’île. L’interaction entre la plaine et son contrefort montagneux en est le trait principal. Bien que très différents par leur faciès et leur morphologie, ces deux paysages apparaissent indissociables. Les processus naturels comme les activités humaines sont liés à la coexistence des deux espaces que tout unit et tout sépare.

Le contrefort abrite les villages et hameaux, avec leurs terrasses de jardins et leur écrin de vergers et de forêts. La vue sur la plaine bocagère et la frange littorale est omniprésente et souvent spectaculaire.

Le parcellaire agricole, les mosaïques de cultures, les linéaires du littoral sableux et de la route nationale parallèle à la côte, donnent au paysage qui s’étend jusqu’à la mer une ordonnance plus ou moins géométrique.

Animée de petits vallonnements alluvionnaires, la plaine accueille les cultures, haies, canaux, marais, mais aussi les zones d’activités et urbaines plus récentes, concentrées aux abords de la route nationale ou sur le front de mer. Ici aussi, la perception du paysage est dominée par la vue sur le contrefort, son relief, ses crêtes et ses villages perchés ou accrochés à flanc.

Préserver la qualité paysagère de ces espaces intermédiaires entre mer et montagne, en maintenant le riche dialogue de la plaine et de son contrefort, représente un enjeu majeur. Les liens entre ces paysages se brisent très rapidement dès que l’urbanisation linéaire s’installe en suivant l’axe longitudinal du réseau routier principal.

Au débouché de certaines grandes vallées de la côte ouest de l’île, là où les golfes sont assez ouverts et où le substrat rocheux a été fortement érodé et couvert de sédiments, se sont installées des plaines ponctuées de collines qui marquent une transition douce vers les piémonts. Du fait de leur ouverture, ces espaces se prêtent bien à l’agriculture, la proximité de la mer les rend également propices au développement de centres urbains côtiers.

 

Dans ces espaces littoraux, l’évolution des pratiques culturales se traduit par la disparition fréquente des motifs « verticaux » – haies et alignements d’arbres – qui créaient une diversité de rythmes en rompant la monotonie horizontale de la plaine. D’où une certaine banalisation des paysages lorsqu’ils ne sont plus structurés par ces motifs bocagers.

En outre, la rareté en Corse des sites à topographie ouverte et plane conduit à concentrer dans les plaines littorales existantes les réseaux routiers et une urbanisation linéaire qui perturbent tant l’organisation du parcellaire agricole que les dynamiques paysagères.


Ce type n’est représenté que par un seul ensemble-unité, U Piale, dénotant son caractère absolument unique en Corse. Il est constitué d’un plateau calcaire qui s’avance dans la mer à la pointe sud de l’île, protégé des tempêtes par un impressionnant appareil de falaises auquel s’accroche la vieille ville de Bonifacio.

Peu nombreux par rapport à l’importance du linéaire côtier et généralement très proches du rivage, les îlots viennent prolonger dans la mer l’armature de pointes ou de caps. Ils forment néanmoins un type de paysage bien particulier qu’il est difficile de raccrocher à la côte voisine, bien qu’entretenant avec celle-ci un dialogue permanent. A l’exception de la Giraglia, bloc massif aux allures de paquebot en mouvement, ces « poussières d’îles » s’égrènent en chapelets.

 

Véritables balises naturelles annonçant la terre, les îlots accueillent souvent des phares ou des sémaphores. Ces bouts du monde sont devenus des refuges de biodiversité – ils abritent notamment de nombreuses espèces d’oiseaux de mer et de reptiles –, en même temps que des points d’attraction touristiques. La difficulté de concilier ces dimensions rend indispensable une protection active de ces espaces naturels, laquelle passe la plupart du temps par une stricte interdiction d’accès au public.

1 – Une approche et une échelle spécifiques : du paysage de la ville aux paysages urbains 

Les villes de Corse correspondent dans l’atlas à des unités paysagères, incluses dans ces territoires plus larges que recouvrent les ensembles de paysages. A l’échelle de l’ensemble, la perception de la ville renvoie à la veduta (peinture d’un paysage de ville ou panorama, genre apparu au 16e siècle) : c’est-à-dire la représentation d’une « ville-campagne » dans laquelle les lieux construits se laissent embrasser du regard, saisis dans leur totalité dans un contexte paysager plus large. Cette appréhension lointaine de l’entité urbaine, dans un regard globalisant, caractérise le « paysage de la ville ».

Cependant le paysage est construction, composition, et donc artefact. Et lorsqu’on découvre la ville, lorsqu’on la parcourt, l’ensemble bâti se donne à lire par fragments. Non pas que la ville soit morcelée, mais l’expérience de sa découverte révèle des lieux singuliers qui s’emboîtent et se juxtaposent dans l’ensemble construit. Ces « paysages urbains » donnent à la ville formes, textures, couleurs, mais aussi temporalité, car ils traduisent une volonté de maîtrise physique (et symbolique) de l’espace, à un instant donné. D’une manière générale, même s’il ne révèle pas partout ni toujours des temporalités longues, le paysage n’est jamais le fruit de la brièveté.

Ce sont ces paysages urbains des villes insulaires, qui apportent une diversité et une richesse spécifiques aux paysages de l’île, que nous avons cherché à traduire dans l’atlas. Les unités urbaines s’inscrivent dans des ensembles de paysages de massifs ou de plateaux littoraux, de vallées ou de plaines. Elles appartiennent à deux grandes « familles » de villes :

  • les villes de bord de mer : Ajaccio, Bastia, Bonifacio, Calvi, l’Ile-Rousse, Porto-Vecchio et Propriano, qui ponctuent et matérialisent un trait de rivage, tout en symbolisant l’ouverture de l’île sur le monde extérieur ;
  • les villes de l’intérieur : Corté et Sartène, villes-forteresses et villes de confluence qui s’inscrivent dans un territoire de montagnes et dans un rapport plus intériorisé à la mémoire de l’île.

 

2 – Les types de paysages urbains

Le paysage urbain s’exprime en termes de paysages perçus et vécus, car il traduit l’articulation du volume et de la matière, du physique et de l’humain. Du fait de la partition de l’espace de la ville, la perception de ces paysages suppose à la fois la vision d’éléments constants, de l’ordre du motif (ceux qui, par répétitions, rendent le tissu bâti homogène), et d’éléments singuliers (ceux qui par leurs formes, leurs fonctions ou leur position, se distinguent du tissu urbain). La définition des types s’est donc construite en référence à l’histoire des villes, aux démarches architecturales et urbanistiques qui s’y sont inscrites dans le temps, mais aussi à l’appropriation du lieu, aux ambiances qui s’en dégagent, renvoyant à la notion de « regard » – ce regard qui fait de la ville un paysage. Ainsi, deux fragments de ville édifiés selon un mode d’occupation de l’espace semblable, peuvent donner à lire deux paysages urbains différents. En Corse, le relief spécifique de l’île vient enrichir fortement la palette des combinaisons possibles.

2.1 La ville ancienne

On peut ici se référer au dictionnaire Littré qui propose la définition suivante de la ville : « Assemblage d’un grand nombre de maisons disposées par rues, souvent entourées de murs d’enceinte, de remparts, de fossés ». Ce type urbain traduit les implantations premières des villes corses, établies sur des sites qui répondaient dans l’île à des considérations essentiellement stratégiques. La traduction spatiale de ce type sur le territoire insulaire marque fortement l’image des principales villes.

2.2 La ville dessinée

C’est dans le domaine de l’urbanisme que les théories hygiénistes du 19e siècle ont connu le plus grand nombre d’applications : face aux transformations induites par la révolution industrielle, elles ont préconisé notamment d’ouvrir les villes restées intra muros afin de permettre une meilleure circulation de l’air et de réduire la densité de population. Un plan d’extension de ville a été alors mis en œuvre, dont la plupart des centres urbains actuels portent la marque.

2.3 La ville moderne

C’est la ville du 20e siècle qui résulte d’une nouvelle répartition des surfaces bâties et non bâties, inscrite dans la planification, associée à l’intervention de nouveaux acteurs et à la mise en place de nouvelles réglementations. Le système routier s’est développé avec l’usage de la voiture, tandis que les lieux habités et les typologies d’habitat se sont multipliés et diversifiés. La physionomie urbaine s’en est trouvée considérablement transformée. Le type de la ville moderne demande à être décliné car il génère une diversité de nouveaux paysages spécifiques. Plusieurs « sous-types » ont été ainsi distingués dans l’atlas.

  • L’habitat individuel groupé de ville : des maisons individuelles regroupées, que prolongent des petits jardins, formant îlots ou petits quartiers, s’inscrivent de manière isolée dans le tissu dense de la ville. Ce mode d’habitat offre un paysage urbain particulier, comme une forme de campagne dans la ville.
  • La ville étendue recomposée : ce sont les quartiers de la ville bâtis au cours de la seconde moitié du siècle dernier. Ils composent un paysage issu d’un fait urbain global, d’une planification rationnelle de l’évolution de la ville, renvoyant à des archétypes construits en référence à une déclinaison de l’architecture « moderne ».
  • La ville étalée : en périphérie de la ville dense, s’initie la périurbanisation, processus d’extension spatiale des entités urbaines qui s’est intensifié en Corse depuis la fin des années 1970. Cette forme d’occupation de l’espace, dans laquelle la standardisation se traduit par une multiplication des « pavillons », s’accompagne d’une uniformisation des paysages.
  • Les secteurs d’activités de bord de route : si les centres-villes sont des lieux d’activités administratives et économiques, offrant biens et services aux populations résidentes ou de passage, le développement des activités urbaines a aussi donné lieu à des répartitions spatiales, modelant des territoires plus spécialisés, en fonction des facilités de transports et d’accès, mais aussi de la disponibilité de surfaces foncières constructibles. En Corse, ce type de paysage, marqué fortement par la présence de « zones d’activités » sans charme ni cohérence urbanistique, se concentre le long des grands axes routiers.
  • Les ports : ports de pêche, de plaisance ou maritimes, les infrastructures portuaires circonscrivent sur la mer des territoires qui contribuent à donner épaisseur aux rivages urbains et à animer la façade maritime des villes de bord de mer.
  • Les rives et rivages urbains : une topographie singulière et la présence de l’eau (mer ou cours d’eau) singularisent ces paysages. Ce type regroupe des territoires-frontières entre terre et eau, encore naturels ou bien aménagés, auxquelles le substrat physique confère une forte originalité.

3.1 – L’unité paysagère

Dans l’atlas de la Corse, les unités représentent des subdivisions d’ensembles de paysages plus vastes, eux-mêmes regroupés en types de paysages. L’unité de paysage forme donc l’élément de base de l’atlas, et à ce titre elle a vocation à fournir une échelle de référence pour les projets territoriaux. Elle a été identifiée sur le terrain, validée dans les ateliers de concertation cartographique sur la carte au 1/25 000°, puis retranscrite sur la carte des paysages au 1/50 000° – ces cartes étant réduites au 1/75 000° dans l’ouvrage.

Chaque unité correspond à une entité de convergence, tant du point de vue des structures géographiques, qu’au regard des grands caractères du paysage, des ambiances perçues, des caractéristiques du couvert végétal, de l’occupation du sol, des usages et de l’histoire humaine. Elle se définit par un nom propre d’ordre géographique, suivi d’un toponyme qui l’identifie. Les limites spatiales et la dénomination de l’unité tiennent compte de l’ensemble des données prises en considération, mais aussi de l’expérience sensible des auteurs de l’atlas, et de la connaissance que les habitants ont de leur territoire, telle qu’elle s’est exprimée dans le cadre des ateliers de concertation cartographique.

Les villes apparaissent à l’échelle 1/50 000e sur la carte des paysages. Cependant les unités des paysages urbains ont fait l’objet d’un travail spécifique cartographié. Une reconnaissance attentive du tissu urbain et des ambiances perçues sur le terrain, ainsi qu’une approche de l’histoire des villes et de leurs quartiers à travers les cartes et documents de planification, ont permis d’identifier et de qualifier ces entités. Cependant les dimensions des villes corses ne permettent pas de les représenter toutes à la même échelle. Si une échelle commune au 1/10 000e a été retenue (sous forme de carte annexe), dans l’ouvrage ces cartes sont réduites afin d’en faciliter la lecture.

Chaque unité répertoriée dans l’atlas fait l’objet d’une courte description écrite, qui s’appuie sur une sélection de photographies représentatives de l’entité considérée.

 

3.2 – L’ensemble de paysage

L’ensemble regroupe les unités de paysages. Ses limites géographiques, qui peuvent être reportées sur une carte au 1/200 000°, sont déterminées par le sentiment d’appartenance à une micro-région qui possède souvent une longue histoire. En ce sens, l’ensemble correspond généralement à une entité culturelle reconnue et revendiquée. Il porte la plupart du temps un nom familier. Ce toponyme est souvent hérité des anciennes pieves d’Ancien Régime, ces subdivisions territoriales à la fois administratives, judiciaires et ecclésiastiques, qui gardent une réalité physique et culturelle dans le territoire de la Corse actuelle.

Le répertoire des ensembles de paysages constitue la porte d’entrée de la description des paysages de l’atlas. Chacun d’entre eux fait l’objet d’un chapitre contenant :

  • une description écrite qui dresse le portrait de l’ensemble,
  • une sélection de photographies commentées qui l’illustre,
  • un extrait de la carte des paysages sur lequel figurent les toponymes principaux du relief, de l’eau, des grands boisements, des principaux bourgs et villages, ainsi que les limites des unités paysagères,
  • un bloc diagramme mettant en relief la carte des paysages.