Atlas des paysages

de la Corse

3.06 - Castagniccia intérieure

Les communes de l'ensemble paysager

Casalta, San-Gavino-D’Ampugnani, Scata, Piazzole, Piazzali, Valle-D’Orezza, Tarrano, Piano, Crocicchia, Rapaggio, Carpineto, Ficaja, Polveroso, Piedicroce, Verdese, Stazzona, Penta-Acquatella, Casabianca, Erone, Valle-D’Alesani, Monacia-D’Orezza, Ortale, Parata, Pruno, San-Damiano, Felce, La Porta, Carcheto-Brustico, San-Lorenzo, Nocario, Giocatojo, Croce, Poggio-Marinaccio, Cambia, Quercitello, Pietricaggio, Bisinchi, Ortiporio, Campile, Monte, Piobetta, Carticasi, Saliceto, Silvareccio, Castineta, Campana, Lano, Novale, Gavignano, Castello-Di-Rostino, Valle-Di-Rostino, Pie-D’Orezza, Rusio, Piedipartino, Perelli, Olmo, Porri, Aiti, Morosaglia, Sant’andrea-Di-Cotone, Bustanico, Taglio-Isolaccio, Penta-Di-Casinca, Pietra-Di-Verde, Prunelli-Di-Casacconi

L’ensemble situé entre la dépression centrale de la Corse (Sillon) et les contreforts de la plaine orientale, forme un grand fer à cheval constitué de vallées très boisées et très arrosées articulées autour du massif montagneux du San Pedrone. Le sommet éponyme et point culminant de la chaîne (1767 m), émergeant des reliefs boisés, est un repère visuel pour tout l’ensemble paysager, en même temps qu’un élément identitaire de la Castagniccia. Du haut du San Pedrone la vue s’étend sur tout le système de vallées et de versants de moyenne altitude (au-dessus de 400 m) qui se distribuent autour du massif. La vallée du Golu délimite au nord cette région de la « Castagniccia intérieure ». A l’ouest, elle est bornée par les crêtes du Pianu Maggiore (1581 m) appartenant à la branche occidentale du massif du San Pedrone. Sur son flanc oriental, c’est une ligne de sommets dépassant 1000 mètres qui la sépare de l’ensemble littoral de la Costa Verde. Enfin, la limite sud de la Castagniccia intérieure correspond à la continuation de la crête principale du massif du San Pedrone, laquelle bifurque vers l’est au-delà de la Punta Caldane, pour s’abaisser progressivement jusqu’au niveau du lac de barrage de l’Alesani (1-Le nord-est de la Castagniccia vu depuis le sommet du San Pedrone. 2-Depuis les crêtes de Muteri, dominant l’Alesani, on perçoit bien la succession de crêtes qui séparent les différentes unités de la Castagniccia. A gauche s’élève le sommet trapu de la Punta Caldane, et au fond, la silhouette pyramidale du fier San Pedrone).

Sur le plan géologique, l’ensemble est entièrement inclus dans la nappe de schistes lustrés propre à la Corse « alpine » : à savoir des sédiments marins émergés et déformés lors de l’orogenèse alpine, et présentant un aspect feuilleté (débit en plaques fines) ou en bancs. Ces schistes sont peu apparents sous le couvert forestier. Contrairement aux roches vertes plus dures, constituées de lambeaux de fond océanique qui chevauchent ici les sédiments schisteux sous lesquels ils étaient enfouis jadis : ces ophiolites arment la plupart des reliefs surplombant les versants boisés, notamment le San Pedrone, le Monte Sant’Angelu (1218 m), ou sur le flanc oriental, le Monte Tre Pieve (1247 m) et le Monte Olmelli (1285 m). La nature du sous-sol explique en partie la présence d’une végétation particulière, avec le climat humide qui imprime aussi sa marque aux paysages (3-Depuis les versants du Fium’Altu, vue sur le sommet du San Angelo). Outre le Fium’Altu né sur les pentes orientales du San Pedrone, principal cours d’eau de la Castagniccia, de nombreuses rivières drainent ces versants. L’eau naturelle ou captée est omniprésente (ruisseaux, sources, fontaines, suintements diffus). La ligne de crêtes qui se dresse à l’est protège la région de l’influence maritime, tout en contribuant à décharger de leur humidité les nébulosités venues de la mer. D’où le développement d’une végétation luxuriante, en particulier dans les vallées du Fium’Altu-Ampugnani, d’Orezza et de Casacconi, enclavées entre ces reliefs et la chaîne du San Pedrone. Sur les grands adrets, l’ambiance moins humide permet la présence de maquis et de pâturages rocailleux (4).

L’essence reine est ici le châtaignier auquel la Castagniccia (« châtaigneraie ») doit son nom. Dans certains secteurs (Orezza, Ampugnani…) les hautes frondaisons des châtaigneraies s’étendent à perte de vue. Mais les peuplements forestiers se composent également d’autres espèces peu communes en Corse, comme le charme houblon ou bien l’aulne cordé (ailleurs dans l’île cette essence endémique est confinée aux ripisylves et jamais très abondante dans ces formations). On y trouve aussi des populations de noisetiers, de remarquables chênaies vertes (yeuseraies), et plus en altitude, de belles hêtraies (la transition avec le massif du San Pedrone, en particulier, est soulignée par le passage à la hêtraie qui devient prédominante). Sur les versants ouest et nord-ouest de l’ensemble (Rustinu), le couvert arboré est plus dégradé ; les yeuseraies y sont plus fréquentes, on y rencontre aussi des formations arbustives de genévriers oxycèdre, plus ouvertes et plus basses, ainsi que des peuplements de pins. Du fait de la prédominance des essences à feuilles caduques, le passage des saisons est bien plus marqué que dans les régions de maquis ou de pinèdes. Aux changements de couleurs (vert tendre du feuillage printanier, vert plus sombre du couvert estival, embrasement automnal, couleurs plus grises de l’hiver), s’ajoute les variations de transparence de la forêt, selon qu’elle arbore ou non sa parure de feuilles (5-Protégée entre les deux crêtes principales du massif, la vallée de la Casaluna vue depuis le sommet du San Pedrone. En face, sous les crêtes du Pianu Maggiore, la hêtraie (feuillage plus sombre) se détache au dessus de la vallée. 6-Châtaigneraie en fleurs dans le vallon de Casacconi).

Ce paysage végétal est fortement lié à l’histoire humaine. Le châtaignier prédomine depuis que les Génois, au XVIe siècle, ont implanté cette essence nourricière, faisant de la région un immense verger dédié à sa monoculture. « L’arbre à pain » corse a assuré la subsistance de générations d’insulaires, tout en alimentant l’artisanat (menuiserie, ébénisterie, vannerie…) et l’industrie (usines d’extrait tannique dans la vallée du Golu). Cependant la châtaigneraie a subi à partir de la fin du XIXe siècle les impacts de la déforestation, des maladies et du déclin de l’économie rurale traditionnelle. De grandes surfaces ne sont plus entretenues, même si de jeunes agriculteurs s’efforcent aujourd’hui d’en relancer la culture. Les dégâts provoqués par les troupeaux de chèvres et surtout de porcs en semi-liberté témoignent de cet abandon. Il en va de même pour une grande partie des peuplements de noisetiers, autrefois exploités et qui tendent désormais à disparaître. Dans le cœur de la Castagniccia et dans sa partie occidentale, d’importantes superficies de la châtaigneraie encore existante ont été classées en ZNIEFF.

La culture de la châtaigne a marqué l’architecture vernaculaire : les hautes maisons villageoises ont été bâties autour du fucone, le foyer dont la chaleur diffusait dans toute l’habitation, jusqu’aux combles où l’on séchait les récoltes. L’originalité du paysage bâti tient aussi aux matériaux de construction et de couverture, des schistes et des lauzes typiques de la région (7).

Les très nombreux villages et hameaux émergeant du couvert végétal se singularisent également par une implantation particulière, généralement en longueur sur les arêtes des reliefs (8,9).

La spécificité de la Castagniccia réside enfin dans la richesse de son patrimoine historique : églises, clochers, couvents, chapelles en grand nombre, dont beaucoup de chefs d’œuvre de l’art roman ou baroque, rappellent que ce territoire comptait autrefois parmi les plus prospères et les plus habitées de Corse (10-Les imposantes ruines du couvent de Pedicroce ; 11-Eglise de San Agostino).

L’exode rural a ruiné l’économie des vallées en les vidant de la plus grande partie de leur population (28 habitants au km2 aujourd’hui contre 70 il y a un siècle). Aujourd’hui beaucoup de maisons sont inhabitées, et sauf à proximité immédiate des villages où subsistent quelques vignes et cultures maraîchères, les anciennes terrasses agricoles ont été abandonnées à la forêt.

La découverte du patrimoine bâti, encore peu défiguré par les constructions récentes, reste un élément fort des itinéraires routiers dans la micro région. Ceux-ci empruntent trois voies principales : la RD15 et la RD71, d’orientation nord-sud sensiblement parallèle, et la RD506 qui suit la vallée du Fium’Altu. Autour de ces axes de nombreuses routes en balcon maillent le territoire. Le Parc naturel régional de Corse et les communes entretiennent également un réseau de sentiers de pays de la Castagniccia.

Références bibliographiques

Gamisans J., La Végétation de la Corse, Edisud, 1999.

Châtaigneraies de la petite Castagniccia, ZNIEFF n°0110, Inventaire du patrimoine naturel de la Corse.

Châtaigneraies et bois des versants sud et ouest du San Pedrone, ZNIEFF n°0111, Inventaire du patrimoine naturel de la Corse.

Hauts maquis préforestiers des collines orientales de la Castagniccia, ZNIEFF n°0112, Inventaire du patrimoine naturel de la Corse.

3.06

A - Cirque et vallons de Casaconi

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Unités paysagères

Cette unité des contreforts nord de la Castagniccia forme une porte d’entrée dans l’ensemble, depuis la basse vallée du Golu qu’elle domine en balcon. Le versant entaillé de vallons s’incurve autour du bassin de la rivière de Casacconi, lequel prend la forme d’un cirque fermé au sud par les hauteurs reliant le Monte Compuli (1236 m) au Monte Sant’Angelu (1216 m).

Les vallons et versants sont très boisés comme dans toute la Castagniccia. Cependant les châtaigniers, bien que présents dans les vallons les plus frais, se font ici plus discrets qu’au cœur de l’ensemble. Et c’est l’olivier qui attire l’œil sur les reliefs qu’il habille de son feuillage gris vert : les grandes oliveraies abandonnées sur les versants les plus extérieurs donnent texture et couleur au paysage.

La RD15 qui remonte la vallée de Casacconi constitue le principal axe de pénétration dans l’unité. Elle grimpe vers Penta Acquatella, puis en amont du village, jusqu’au col de Sant’Antone (687 m), l’un des accès majeurs à la Castagniccia, où l’on peut découvrir le couvent de Sant’Antone (En fond de vallée, avant de s’élever jusqu’aux villages, la route chemine sous les boisements comme ici ce taillis de châtaigniers).

C’est seulement au niveau des premiers villages, déjà hauts sur les versants, que les visuels s’ouvrent sur les vallons et les autres lieux habités. Le lien avec la Casinca (plaine orientale) par l’axe du Golu qu’emprunte la RN193 favorise le maintien d’un habitat permanent. La plupart des villages et hameaux sont en situation perchée, en relation visuelle les uns avec les autres, et avec des vues dégagées sur les paysages du versant sud de la vallée du Golu (Vue depuis les environs de Penta Aquatella sur le village de Sant’Andrea. De rares milieux ouverts subsistent au dessus des sites habités).

Le hameau de Pertinacce et l’église de Sant’Agostino, sur son promontoire surplombant la vallée.

La D515 qui chemine en balcon sur le flanc ouest de l’unité propose un bel itinéraire de découverte. Le parcours déroule des séquences panoramiques sur la vallée du Casacconi et la succession des vallons tributaires (Vue d’ensemble des versants situés à l’est de l’unité, depuis les environs du village de Vergagliese. De gauche à droite : les versants sous le col de Pirellu (607 m), avec leurs plantations d’oliviers ; puis les hameaux, en général implantés très haut sur les pentes dominées par les barres rocheuses du Monte Sant’Angelu ; au-delà du village de Carognu, le couvert végétal, tacheté de châtaigneraies aux couleurs plus claires, se densifie).

3.06

B - Vallée du Fium’Altu – Ampugnani

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Unités paysagères

« La Castagniccia – au sens propre, la « Châtaigneraie », mais le mot, s'agissant de la région, ne se traduit pas – est située au nord-est de la Corse. C'est un labyrinthe de vallées pentues, à peu près uniformément couvertes de châtaigniers, ponctuées, çà et là, mais en grand nombre, de villages de schiste et de lauze. Pays somptueux, d'une beauté bouleversante, parce qu'il est aujourd'hui incroyablement sauvage mais que tout, maisons fortes, églises, clochers, y rappelle l'ancienneté de l'occupation humaine, et que tout y prouve la civilisation qui s'y est épanouie. Pays fascinant parce qu'en dehors de l'été, il est désert. Quand l'automne lève les brumes et rouille les forêts, la Castagniccia devient encore plus magique »

Robert Colonna d'Istria, Corse entre mer et montagne, 2007

Entre les contreforts du Monte San Pedrone, à l’ouest, et le débouché du petit fleuve sur la plaine orientale, l’unité englobe le bassin versant du Fium’Altu à l’amont de Folelli. Elle est reliée au sud à la vallée d’Orezza par le col de San Petru, que franchit la RD506, et vers le nord au cirque de Casacconi par le col de Sant’Antone qu’emprunte la RD15. A l’ouest, le col de Pratu (985 m) au-dessus du village de la Porta, commande l’accès à la Casaluna. Davantage que par la RD506 qui assure en fond de vallée la liaison avec la plaine, la découverte de l’unité se fait par les petites routes à flanc de versants (Vue d’ensemble sur le Fium’Altu – Ampugnani depuis le sommet du San Pedrone.Vue vers le nord-est depuis la RD71 au dessus de Stoppia Nova ; au fond le Monte Sant’Angelu se dresse derrière la ligne de crête et le col de Sant’Antone).

La vallée du Fium’Altu, avec l’Ampugnani correspondant à la partie haute du bassin versant, présentent une topographie complexe, très ramifiée et cloisonnée par les reliefs schisteux et leurs nombreuses crêtes secondaires. La châtaigneraie est omniprésente. C’est ici – et dans l’unité voisine d’Orezza – qu’elle atteint son plus grand développement, mêlée à des peuplements de chênes, d’aulnes cordés et de charmes houblons avec lesquels elle forme une forêt dense et compacte. Seules échappent à cette couverture forestière quelques clairières à proximité des hameaux, ainsi que les crêtes avec leurs landes et leurs affleurements de schistes. Près des rives du Fium’Altu et dans les vallons frais poussent des vergers de noisetiers (Le vallon de Pozzo Bianco, affluent du Fium’Altu qui abrite le village de A Porta (masqué ici par la première crête boisée à gauche). La vallée principale du Fium’Altu s’ouvre derrière le versant où s’accroche le village de Ficaja).

Dans cette unité sans perspectives ouvertes sur l’extérieur, les relations visuelles entre les nombreux villages – A Porta, Quercitello, Giocatojo, Poggio Marinaccio, Casabianca, Croce, Polveroso… ; et plus à l’est, San Damiano, San Gavino d’Ampugnani, Casalta, Silvareccio… – tempèrent le sentiment d’isolement. Les clochers des églises et chapelles (San Petru d’Accia, San Ciprianu, Santa Maria…), émergeant de la châtaigneraie, constituent autant de repères et de points d’appel dans le paysage (La Porta, village important au bâti caractéristique de la Castagniccia, et son église Saint-Jean-Baptiste, chef d’œuvre de l’art baroque corse).

3.06

C - Cirque et vallée d’Orezza

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Unités paysagères

Entre le col de Foata (marquant un resserrement ponctuel du cours du Fium’Altu par l’avancée d’une crête transversale) au nord, et celui d’Arcarota (900 m) au sud, la vallée d’Orezza englobe le bassin supérieur du Fium’Altu. Elle prend la forme d’un cirque fermé à l’est par les contreforts du massif du San Pedrone jusqu’au Monte Muffraje (1697 m). Son flanc occidental est barré par les hauteurs joignant Pietra Giusta (1183 m), le Monte Olmelli (1285 m) et le Monte di e Tre Pieve (1247 m) (Vue d’ensemble du cirque d’Orezza depuis le sommet du San Pedrone).

Dans cette vallée forestière du cœur de la Castagniccia, les vallons sont occupés par des châtaigneraies si fournies qu’elles semblent impénétrables.

Les nombreux villages – Piedicroce, Verdese, Piazzole, Carcheto Brustico, Valle d’Orezza, Monaccia d’Orezza… – et hameaux, posés sur des arêtes ou étagés dans les versants, se détachent de cette masse végétale, que des ceintures de terrasses plus ou moins entretenues tiennent à distance à proximité immédiate des lieux habités (HAUT : Le hameau de Carpineto sur crête. BAS : Verdese, représentatif de la typologie particulière des villages de la Castagniccia ; comme ici, les versants aux abords immédiats des villages sont souvent bien dégagés, parfois à la suite d’incendies qui ont mis à jour la trame des anciennes terrasses agricoles).

Le hameau de Carpineto sur sa ligne de crête.

Comme dans l’unité voisine du Fium’Altu, les églises (Saint-Pierre et Saint-Paul de Piedicroce, classée monument historique ; Sainte-Marguerite de Carcheto Brustico, Saint-Nicolas de Pie d’Orezza…) et chapelles (Sainte-Marie, San Giorgio…) baroques créent des « événements » qui animent le paysage relativement monotone de la châtaigneraie.

Près du village de Piedicroce, l’un des plus gros bourgs de la Castagniccia, les sources d’Orezza, jaillissant au fond d’un vallon, étaient réputées guérir de nombreuses maladies du système digestif. Très fréquenté au XIXe siècle, l’établissement thermal a fermé ses portes en 1934. Mais l’eau d’Orezza a retrouvé un second souffle avec la reprise en 2000 de l’exploitation des sources et la reconstruction d’une usine, à ce jour la seule activité industrielle en Castagniccia.

3.06

D - Cirque et vallée d’Alesani

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Unités paysagères

Cette unité inclut une grande partie du bassin versant de l’Alesani jusqu’à la limite du lac de barrage aménagé sur la rivière (cf. 5.05 G : Versants de Verde et d’Alesani). Au nord, elle s’appuie sur les crêtes qui relient le Monte Muffraje au Monte di e Tre Pieve par le col d’Arcarota, séparant l’Alesani de la vallée d’Orezza. La châtaigneraie et l’aulnaie (sur l’ubac) occupent de vastes surfaces, même si ce couvert forestier apparaît par endroits dégradé par d’anciens incendies (Le cours d’eau est à peine visible tant le couvert forestier se fait dense sur la majeure partie du cours d’eau).

Deux routes sinueuses passent à flanc de versant, offrant de nombreux points de vue panoramiques : la RD71, sur l’adret, dessert les principaux villages (Ortale, Terrivola, Valle d’Alesani, Poggiale…) ; la RD17 sur l’autre rive permet de découvrir l’ancien couvent Saint-François d’Alesani, soigneusement restauré (Au premier plan, l’ancien couvent d’Alesani, au-dessus du hameau de Piazzali, face au village d’Ortale. On aperçoit au fond le barrage de l’Alesani au-delà duquel la vue bascule vers la plaine orientale).

La densité de villages et hameaux est importante. Par leur implantation et leur architecture, mais aussi le grand nombre de maisons aujourd’hui inhabitées, ils dénotent leur appartenance à la Castagniccia.

3.06

E - Haute vallée di A Casaluna – Valle Rustie

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Unités paysagères

Bien protégé entre les deux branches du massif du San Pedrone, le bassin versant de la Casaluna communique au nord-ouest avec le Golu, qu’il rejoint entre Francardu et Ponte Leccia, et au sud avec le Boziu par le col de Sant’Antone. Cette vallée ramifiée se subdivise en petits bassins séparés par des lignes de crêtes transversales.

« Au pied du San Petrone, face à une mer de châtaigniers, une maison de schiste, couverte de lauzes : c'est le hameau de Morosaglia, le village natal de Pascal Paoli, dans la Castagniccia. Ses environs sont constitués d'une poussière de hameaux accrochés dans les replats de la montagne, sur les crêtes étroites ou les pitons ensoleillés »

Robert Colonna d'Istria, Corse entre mer et montagne, 2007

La vallée dans son ensemble est moins arrosée que les flancs orientaux du massif du San Pedrone. Le maquis à chêne vert domine aux basses altitudes. A hauteur des villages cette végétation arborée laisse place à des châtaigneraies aux expositions les plus fraîches, tandis que des peuplements de pin mésogéen occupent certains versants d’adret.

La partie amont de la vallée draine le versant sud-ouest de la chaîne du San Pedrone. La RD15 dessert les villages (Carticasi, Cambia, San Lorenzo…) et les hameaux situés sur le versant exposé à l’ouest, alors que les villages du versant opposé (Erone, Rusio…) sont plus isolés. Sur la commune de Cambia, deux belles chapelles romanes – San Quilico et Santa Maria – sont accessibles par un sentier balisé à partir de la route départementale (Vu depuis le sommet du San Pedrone, le village de Carticasi sur sa petite crête caractéristique, dans la partie amont de la vallée de la Casaluna).

La partie aval de la Casaluna présente des visages contrastés : à forte dominante forestière à l’ouest aux alentours d’Aiti et de Lano, la vallée est beaucoup plus habitée autour de Morosaglia et de Gavignano, où l’espace bâti est éclaté en nombreux hameaux éparpillés sur les versants d’adret ou étirés sur les crêtes. Sur ce versant de Morosaglia, des terrasses encore bien entretenues près des habitations animent l’espace et le paysage. On y trouve aussi un riche patrimoine religieux, dont les églises romanes de San Pantaleo et Santa Reparata. Le manteau végétal moins fourni que sur la rive opposée témoigne d’une géologie et d’une exposition plus ingrates, mais aussi d’une exploitation autrefois plus intense de la ressource forestière, et d’une plus grande fragilité face au risque incendie.

3.06

F - Vallées di U Rustinu

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Unités paysagères

Cette unité correspondant à un appareil de versants orientés vers le nord-ouest et de courts vallons ouverts sur la moyenne vallée du Golu, forme avec les versants de Casacconi les contreforts nord de la Castagniccia. A partir de Ponte Novu en fond de vallée, les RD15 et 115 s’élèvent en faisant des boucles pour aller desservir villages et hameaux – Bisinchi, Vignale, Pastoreccia, Grate, Valle-di-Rostino…Le couvert boisé est beaucoup moins dense dans cette unité que dans les autres parties de l’ensemble. Depuis les routes en balcon ou les lieux habités, on peut ainsi trouver de nombreux points de vue dégagés sur le défilé du Golu, la Costa Roda ou le massif du Tenda.

Les versants du Rustinu restent généralement verdoyants, avec une végétation mêlant le maquis à chêne vert à des châtaigneraies qui attestent de leur appartenance à la Castagniccia. De belles subéraies sont encore exploitées aux alentours de Valle-di-Rostino. Lorsque la couverture arborée se fait plus dense, les ambiances rappellent celles des versants intérieurs de l’ensemble, comme ici aux abords de Pastoreccia.

Cependant le maquis apparaît par endroits très dégradé : par le passé l’unité a souffert davantage des incendies. Comme partout en Corse, la mise à nu des versants due à la répétition des feux révèle la trame des anciennes terrasses de culture.

Motifs & Enjeux

Aucune donnée définie dans l'atlas
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Motifs & Enjeux