Cet ensemble littoral assez homogène, mitoyen du plateau calcaire bonifacien, tire ses traits principaux de la géologie. Il est constitué d’une succession de crêtes parallèles et de chaos de granites roses, arrondis ou sculptés par l’érosion, émergeant d’une couverture végétale souvent très dense (1-2).
Malgré l’altitude modeste – 351 m au point le plus haut –, la sensation de massif montagneux est nette, tant le minéral impose sa force et sa présence. De rares espaces plans, tels que la retenue d’eau sur le Ventilegne, ou encore les modestes vallons que l’on rencontre au nord-ouest, à l’approche de Sotta et de la plaine du Stabiacciu, soulignent et accentuent par contraste les jeux complexes du relief (3-4).
Au nord, entre Figari et Favone, comme au sud, entre Bonifacio et Porto-Vecchio (dépression empruntée par la RN198), les dépressions qui limitent le massif, composées de roches plus tendres, en soulignent l’orientation générale sud-ouest – nord-est. L’ensemble s’avance dans la mer au niveau du promontoire de la Trinité et du Capu di Fenu, séparant le golfe de Ventilegne des Bouches de Bonifacio (5-6).
L’anse de Paragan marque sa frontière terrestre : grâce au travail de la mer et du vent qui met les roches à nu, la limite géologique entre les granites chaotiques et le substrat calcaire du causse bonifacien y apparaît clairement. Si la Trinité se rattache à la chaîne de montagnes occidentale, érigée à l’ère primaire (300 millions d’années), le piale est bien plus jeune, puisque sa formation remonte au Miocène (18 millions d’années). Il existe peu d’endroits permettant de percevoir aussi franchement la juxtaposition de ces natures de sols et de ces paysages très différents (7-8).
Partagé entre quatre communes (Porto-Vecchio, Sotta, Figari et Bonifacio), le territoire qui s’étend entre le mont de la Trinité et la Punta di a Caccia n’est guère habité, hormis quelques petits hameaux isolés. Il n’est pas non plus beaucoup visité : les guides touristiques l’ignorent (à l’exception du site de la Trinité), tout comme les principaux axes routiers qui contournent le massif sans y pénétrer. Ainsi, depuis la RN198, la RN196 ou la RD859, est-il pratiquement impossible de soupçonner l’existence de ces paysages. Seule l’ascension pédestre de quelques points hauts les révèle dans toute leur ampleur. Depuis l’ermitage de la Trinité ou les hauteurs de Chera, par exemple, le panorama permet de prendre la mesure de cette étendue de nature largement préservée, au cœur du « grand sud » insulaire (9).
Les difficultés d’accès à l’intérieur du massif ont contribué à cette préservation. Elles expliquent aussi que s’y soient implantés des établissements humains exigeant un certain isolement : c’est le cas de l’ermitage de la Trinité, ou dans un tout autre registre, des terrains militaires de Paragan et de Frasselli.