Atlas des paysages

de la Corse

2.06 - Massif de la Trinité à Petra Longa

Les communes de l'ensemble paysager

Bonifacio, Sotta, Figari, Porto-Vecchio

Cet ensemble littoral assez homogène, mitoyen du plateau calcaire bonifacien, tire ses traits principaux de la géologie. Il est constitué d’une succession de crêtes parallèles et de chaos de granites roses, arrondis ou sculptés par l’érosion, émergeant d’une couverture végétale souvent très dense (1-2).

Malgré l’altitude modeste – 351 m au point le plus haut –, la sensation de massif montagneux est nette, tant le minéral impose sa force et sa présence. De rares espaces plans, tels que la retenue d’eau sur le Ventilegne, ou encore les modestes vallons que l’on rencontre au nord-ouest, à l’approche de Sotta et de la plaine du Stabiacciu, soulignent et accentuent par contraste les jeux complexes du relief (3-4).

Au nord, entre Figari et Favone, comme au sud, entre Bonifacio et Porto-Vecchio (dépression empruntée par la RN198), les dépressions qui limitent le massif, composées de roches plus tendres, en soulignent l’orientation générale sud-ouest – nord-est. L’ensemble s’avance dans la mer au niveau du promontoire de la Trinité et du Capu di Fenu, séparant le golfe de Ventilegne des Bouches de Bonifacio (5-6).

L’anse de Paragan marque sa frontière terrestre : grâce au travail de la mer et du vent qui met les roches à nu, la limite géologique entre les granites chaotiques et le substrat calcaire du causse bonifacien y apparaît clairement. Si la Trinité se rattache à la chaîne de montagnes occidentale, érigée à l’ère primaire (300 millions d’années), le piale est bien plus jeune, puisque sa formation remonte au Miocène (18 millions d’années). Il existe peu d’endroits permettant de percevoir aussi franchement la juxtaposition de ces natures de sols et de ces paysages très différents (7-8).

Partagé entre quatre communes (Porto-Vecchio, Sotta, Figari et Bonifacio), le territoire qui s’étend entre le mont de la Trinité et la Punta di a Caccia n’est guère habité, hormis quelques petits hameaux isolés. Il n’est pas non plus beaucoup visité : les guides touristiques l’ignorent (à l’exception du site de la Trinité), tout comme les principaux axes routiers qui contournent le massif sans y pénétrer. Ainsi, depuis la RN198, la RN196 ou la RD859, est-il pratiquement impossible de soupçonner l’existence de ces paysages. Seule l’ascension pédestre de quelques points hauts les révèle dans toute leur ampleur. Depuis l’ermitage de la Trinité ou les hauteurs de Chera, par exemple, le panorama permet de prendre la mesure de cette étendue de nature largement préservée, au cœur du « grand sud » insulaire (9).

Les difficultés d’accès à l’intérieur du massif ont contribué à cette préservation. Elles expliquent aussi que s’y soient implantés des établissements humains exigeant un certain isolement : c’est le cas de l’ermitage de la Trinité, ou dans un tout autre registre, des terrains militaires de Paragan et de Frasselli.

Bloc diagramme 3D

Sources - IGN / Ortho HR Janvier 2021 / RGE Alti 2020

2.06

A - Pointe de la Trinité – Corbu

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Unités paysagères

Passée la dépression de Figari en allant vers le sud, la route nationale traverse un désert de granite. Des siècles d’incendies ont mis au jour ici le « squelette de la terre ». Pas de présence humaine visible, de tous côtés des échines rocheuses déchiquetées aux teintes rougeâtres, on est vraiment « ailleurs » – sur Mars plutôt qu’en quelque lieu de la Méditerranée.

Au nord de l’unité, le plateau autour de Frasselli est occupé par l’ancien champ de manœuvre militaire de Bonifacio. Une dynamique lente de reconquête écologique et paysagère est à l’œuvre dans ces espaces très dégradés, devenus comme un laboratoire d’observation in vivo des capacités de la nature à cicatriser les blessures dues aux conflits entre les hommes.

La montagne de la Trinité en impose moins par son altitude (219 m) que par son port altier et son âge vénérable : le chaos cristallin, vieux de 300 Ma, veillait déjà sur les Bouches bien avant que le causse de Bonifacio n’émerge des fonds où il s’est sédimenté.

Sur la côte sauvage de la Pointe de la Trinité, un phare édifié en 1874 signale le Capu di Fenu, porte occidentale des Bouches de Bonifacio. Dans les échancrures du rivage, les petites anses cristallines se transforment par temps calme en parfaits miroirs où se reflète l’image des blocs de granite rose modelés par les tempêtes. De là le sentier de bord de mer permet de rejoindre, vers le nord, la côte plus ouverte de la baie de Stagnolu, puis les îles et les plages de la Tunara. La poursuite de la randonnée mènerait aux rivages de la Testa Ventilegne, protégés par le Conservatoire du littoral.

Sous le sommet de la Trinité, l’ermitage éponyme, dans son écrin de chênes verts et d’oliviers. Les moines ont quitté le site depuis la fin du XIXe siècle. Mais la chapelle classée, dont les premières pierres remontent au Haut Moyen Age, demeure aujourd’hui un haut lieu de mémoire et un but de pèlerinage. Depuis ce belvédère, quand le ciel est dégagé, la vue porte jusqu’à la Sardaigne, et dans la direction opposée jusqu’aux rivages du Sartenais.

2.06

B - Massif di A Sarra

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Unités paysagères

Le couvert végétal s’épaissit dans ce secteur particulièrement impénétrable. La retenue sur la rivière de Ventilegne (barrage de Figari) a donné naissance à un long et étroit lac de montagne, aux berges très découpées, qui apporte à l’unité une incontestable plus-value paysagère.

A Sarra accueille également le point culminant de l’ensemble : la Punta d’Arcinivale (351 m d’altitude), au pied de laquelle se niche Chera, le plus gros hameau du massif.

2.06

C - Massif d’Arapa et Petra Longa

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Unités paysagères

Ces reliefs forment une pointe qui s’enfonce, au nord-ouest, entre la dépression du Stabiacciu et la plaine littorale à l’arrière du golfe de Santa Giulia. L’unité se distingue par la présence de petits vallons agricoles et bocagers raccordés à ces plaines.

Entre les crêtes rocheuses, érodées en collines boisées, le réseau routier se fait ici plus dense, et du fait de la proximité de Porto-Vecchio (visible parfois au loin), la pression urbanistique s’intensifie autour des hameaux anciens. L’urbanisation s’étend également dans l’espace ouvert des prairies, des bois de chênes lièges et au pied des versants dominant l’agglomération et la plaine littorale.

Motifs & Enjeux

Aucune donnée définie dans l'atlas
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