Atlas des paysages

de la Corse

1.06 - Massif du Renosu

Les communes de l'ensemble paysager

Palneca, Ciamannacce, Ghisoni, Tasso, San-Gavino-Di-Fiumorbo, Cozzano, Bocognano, Isolaccio-Di-Fiumorbo, Guitera-Les-Bains, Tavera, Vivario, Poggio-Di-Nazza, Sampolo, Frasseto, Chisa, Serra-Di-Fiumorbo

Ce massif du centre de la Corse se ramifie en trois branches dont deux se prolongent loin en direction du sud et du sud-ouest. Il s’articule autour du col de Verde (1289 m), emprunté par la RD69, et véritable centre de gravité qui commande l’accès intérieur aux montagnes composant cet ensemble. Depuis son point culminant, le Monte Renosu (2352 m), quand il n’est pas noyé dans le brouillard, la vue panoramique englobe une grande partie de l’île. Bien que son substrat soit constitué presque exclusivement de roches granitiques, le massif se singularise par la richesse de ses paysages, tenant autant à la diversité de sa géomorphologie qu’à la variété de ses milieux naturels (1-Vue sur le massif depuis la Bocca dell’Oru à l’est du col de Verde. 2. 3).

Ses versants et hautes vallées abritent quelques-unes des plus belles forêts de l’île, de surcroît bien représentatives des écosystèmes forestiers d’altitude : une partie de la forêt de Vizzavona au nord-ouest, avec ses magnifiques futaies de pins laricio ; à l’ouest la dense hêtraie qui domine la vallée de la Gravona au-dessus de Bocognano, ainsi que la hêtraie et la sapinière de Punta Niella ; la hêtraie de Stragonato au sud-ouest ; enfin, sur le flanc est, de part et d’autre du col de Verde, les forêts de la Flasca, de Sant’Antone, de Ghisoni, de Marmano-Petra Piana, et les parties hautes des forêts du Fium’Orbu. A l’étage supérieur, les larici ou les hêtres isolés, sculptés par le vent, prennent parfois l’allure de monuments naturels (4-5-6).

Les reliefs ne sont pas en reste, qui déclinent à peu près toute la palette de formes et de figures de la montagne corse. Cimes majestueuses taillées en dômes ou en aiguilles (Punta dell’Oriente, Pinzi Corbini…), ou bien plus trapues comme les sommets de l’intérieur du massif (7).

Crêtes rocheuses effilées ou usées par l’érosion(8). Vallées forestières profondes et encaissées (9). Vallées suspendues au profil en auge, abritant comme sur le site d’I Pozzi d’exceptionnels ensembles de pozzines, ces formations de tourbières qui composent d’étonnants jardins aquatiques (10-11). Hauts plateaux tapissés de landes et pelouses d’altitude, tel le Pianu d’Ese (12).

Mais aussi des cirques et cuvettes glaciaires recelant des lacs de montagne à différents stades évolutifs – du lac profond et minéral aux minces plans d’eau sertis de vertes pelouses humides. Bastani, Pizzolu, Niellucciu, Bracca, Vitalaca, Valle Longa, Rina, ces pièces d’eau sont autant de miroirs qui reflètent les humeurs du ciel et les visages contrastés de la montagne (13-14-15).

Au cœur du massif, on trouve sur les replats sommitaux et versants d’adret de véritables déserts alpins, froids et relativement secs car battus par les vents, mais aussi sujets à de fortes variations thermiques, des brouillards glacés pouvant succéder à une insolation intense en l’espace de quelques minutes. Ainsi, le sommet du Monte Renosu n’est qu’un désert de pierres anguleuses, sur une matrice de gravier qui donne aux pas du marcheur une résonance métallique ; une flore maigre et discrète, comprenant plusieurs espèces endémiques à forte valeur patrimoniale, a su s’adapter à cet univers minéral (16-17).

L’agropastoralisme est encore bien vivant. De nombreux troupeaux paissent l’été dans les herbages du massif. Même si les estives ne sont plus très nombreuses, les vastes étendues de pozzines, pelouses et fruticées permettent d’accueillir un cheptel varié (18).

De nombreuses bergeries jalonnent les pâturages d’altitude. On relève aussi dans cet ensemble la présence de deux stades de neige en activité. Les pistes de la station de Val d’Ese, sur le plateau du même nom, traversent une partie des pelouses humides qui sont l’une des richesses naturelles du site ; l’accès par la route se fait depuis Bastelica et la vallée du Prunelli. Sur le versant nord-est du Renosu, le stade de neige de Ghisoni, aux dénivelés plus marqués, est accessible à partir du col de Verde. Les nombreux impacts sur les paysages des infrastructures et aménagements liés à ces stations apparaissent surtout lorsque la neige disparaît (sols décapés, ravinements, érosion…) (19-20).

C’est bien sûr en été que les activités de randonnée sont les plus importantes. Le massif est très fréquenté, en particulier du fait de la présence des routes menant aux stations de ski, qui permettent aux véhicules de grimper à plus de 1600 mètres d’altitude. De multiples sentiers sillonnent également les montagnes, dont le GR20 qui chemine sur les crêtes de Prati-Usciolu et les versants orientaux du Monte Renosu. Les sites les plus remarquables et les plus fragiles – I Pozzi, Pianu d’Ese, lac de Bastani – sont aussi ceux qui connaissant la fréquentation la plus forte (21).

Bloc diagramme 3D

Sources - IGN / Ortho HR Janvier 2021 / RGE Alti 2020

1.06

A - Crêtes du Renosu

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Unités paysagères

Point culminant du massif, le Monte Renosu, avec ses sommets secondaires, domine sur ses différentes faces les vallées du Prunelli, de la Gravona, du Vecchiu et du Fium’Orbu. Ses versants forment une série de cirques modelés par les anciens glaciers qui ont laissés des traces bien visibles : de vastes moraines sur lesquelles se développent de belles aulnaies odorantes en mosaïque avec des pelouses humides.

L’ensemble présente un profil dissymétrique. A l’ouest, face au massif du Monte d’Oru, un plateau d’altitude descend en une succession de ressauts aux pentes relativement douces vers les bassins du Vecchiu et de la Gravona, qui communiquent via le col de Vizzavona (1163 m). Le versant oriental, plus abrupt, creusé de combes et de ravins, surplombe de toute sa hauteur la cuvette forestière de Ghisoni, et plus au sud, le plateau d’Ese (Les faciès dissymétriques du Monte Renosu apparaissent distinctement depuis la crête principale du massif).

Le plateau sommital offre de son côté un visage de désert rocailleux…

La station de ski alpin aménagée sous le sommet du Renosu, sans grand souci de discrétion, a profondément dénaturé le paysage environnant.

Sur la façade est, au pied des falaises qui ferment les cirques, des lacs ont comblé le fond d’anciennes cuvettes glaciaires (Le lac de Bastani, joyau émeraude dans son écrin minéral).

Les glaciers semblent avoir abandonné depuis plus longtemps les versants occidentaux, aux reliefs plus émoussés. Le couvert végétal y est plus dense et plus abondant. Les cuvettes lacustres sont déjà en grande partie comblées par la dynamique naturelle des tourbières qui les envahissent peu en créant le paysage si singulier des pozzines.

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B - Piani d’Ese – I Pozzi

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Unités paysagères

Cette unité correspondant à la branche sud-ouest du massif, laquelle sépare les hautes vallées du Prunelli et du Taravu. Le relief est ici constitué de longues vallées perchées à plus de 1600 mètres d’altitude, que d’anciens glaciers ont raboté de façon à former d’amples plateaux en paliers. A l’instar du Pianu d’Ese, ces hauts et doux reliefs sont couverts de pozzines ou de forêts de hêtres, alternant avec les landes d’altitudes (fruticées naines montagnardes) et les aulnaies odorantes sur les versants les plus frais (Le Pianu (plateau) d’Ese vu depuis les crêtes au Sud de Scaldasole).

Les rebords des crêtes ont été eux aussi usés par le modelé glaciaire, ce qui donne là encore une série de plateaux inclinés, plus modestes par leurs dimensions (les crêtes de Cuperchiata, aplanies et polies par l’érosion glaciaire).

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C - Crêtes de Prati – Usciolu

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Unités paysagères

Les crêtes de Prati-Usciolu forment la branche à la fois la plus orientale et la plus méridionale du massif. Face aux versants du plateau d’Ese, elles encadrent et protègent, avec eux, le cours supérieur du Taravu. La haute échine rocheuse, culminant à la Punta di a Capella (2042 m), s’allonge vers le sud jusqu’au Monte Occhiatu (1757 m) qui fait la liaison avec le massif d’Incudine-Bavella et le plateau du Cuscionu. Elle surplombe au nord le haut bassin du Fium’Orbu et Ghisoni. Au pied des crêtes, le col de Verde assure la communication entre la cuvette de Ghisoni et le bassin du Taravu (Les crêtes de Prati-Usciolu vues depuis les hauteurs de Cuperchiata en hiver ; La barrière rocheuse vue de l’autre côté, depuis les vallées du Fium’Orbu qui descendent vers la plaine orientale).

La forêt de montagne où prédominent les hêtres et les pins laricio recouvre tous les versants, ne laissant dégagées que les pentes sommitales des reliefs. Au-dessus des futaies (forêts domaniales de Marmano et de Sant’Antone à l’ouest, de Pietra Piana et de Fium’Orbu à l’est), même si le couvert forestier reprend çà et là du terrain, on entre dans une lisière très ouverte où des bouquets de larici viennent se mêler à la fruticée et aux chaos rocheux qui préfigurent le paysage minéral des crêtes (la sortie de la forêt en montant à Bocca dell’Oru depuis le col de Verde).

Motifs & Enjeux

Motifs & Enjeux