Atlas des paysages

de la Corse

3.11 - Vallées de la Bravona et de Cursigliese

Les communes de l'ensemble paysager

Ampriani, Zuani, Zalana, Campi, Matra, Moita, Pianello, Pancheraccia, Mazzola, Pietraserena, Tox, Alzi, Sant’andrea-Di-Bozio, Tallone, Piedicorte-Di-Gaggio, Bustanico, Giuncaggio

L’ensemble est constitué de deux vallées profondes et parallèles, orientées nord-ouest – sud-est, creusées dans les schistes par des rivières au régime torrentiel qui prennent naissance dans le massif du San Pedrone, au cœur de la Castagniccia : au pied de la Punta di Caldane pour la Bravona, sur les crêtes marquant la frontière avec le Boziu pour le Cursigliese.
Ces vallées très verdoyantes présentent un même profil en forte pente, avec des passages encaissés dans des gorges ou des défilés aux falaises verticales impressionnantes. Au sud-est, elles s’ouvrent brusquement en débouchant sur la plaine orientale, où les cours d’eau changent de régime. La Bravona ralentit sa course que le fleuve va poursuivre jusqu’à la mer, tandis que le Cursigliese bifurque plein sud au pied des versants, pour aller mêler ses eaux à celle du Tavignanu (1,2).

Les schistes et les ophiolites composant le substrat rocheux des vallées ont été soulevés, remaniés, compressés lors de l’orogenèse alpine. Ils affleurent sous la forme d’éperons, de plissements ou d’écailles qui animent les versants et donnent au paysage actuel une physionomie, un mouvement tout à fait singuliers (3,4).

Comme dans la Castagniccia voisine, de même nature géologique, la châtaigneraie reste florissante dans les vallons frais et sur les ubacs. Sur les vastes adrets le maquis à chêne vert, omniprésent en partie basse, laisse place en altitude à une végétation plus rase, ponctuée d’espaces de pâturage (5).

Caractéristique des paysages de moyenne montagne, d’innombrables vestiges de terrasses, de vignes et de vergers rappellent la vitalité passée d’une économie agropastorale aujourd’hui disparue. Dans les fonds de vallées étroits, les fougères et les fruticées ont colonisé les anciennes terres arables abandonnées. La plupart des relations d’interdépendance entre le haut et le bas s’étant rompues, les villages perchés vivent dans une économie déconnectée des cours d’eau et de leurs versants fertiles. L’attachement à la rivière, source de vie, demeure pourtant très fort. Dans la vallée de la Bravona notamment, les communes concentrent leurs efforts pour entretenir et restaurer les accès au « fleuve » et le patrimoine lié à celui-ci. A la belle saison l’attrait de la baignade contribue à perpétuer ce lien, voire à le renouer avec les jeunes générations.

Les routes qui relient les villages ont été quant à elles implantées à mi versant ou sur les crêtes. Ces voies de circulation en balcon, très sinueuses et parfois vertigineuses, offrent de remarquables itinéraires de découverte des paysages, et notamment des villages. Ces derniers se révèlent un à un au fil du parcours : à distance, par leur silhouette plus ou moins allongée ou ramassée, selon qu’ils se situent à flanc de montagne, sur une crête ou sur un éperon ; à proximité ou lorsqu’on y pénètre, en dévoilant leurs richesses architecturales et patrimoniales (1,6).

Bloc diagramme 3D

Sources - IGN / Ortho HR Janvier 2021 / RGE Alti 2020

3.11

A - Haute vallée de la Bravona – A Serra

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Unités paysagères

La Bravona prend sa source sur le versant sud du Monte Mufraje (1712 m), l’un des sommets majeurs de la Castagniccia. Un réseau de sentiers permet une découverte pédestre des paysages de la haute vallée.

Depuis les hauteurs qui la dominent, le panorama s’étend du cœur de la Castagniccia vers le nord-est, jusqu’aux hautes montagnes de la cordillère corse à l’ouest.

Les versants de la haute vallée sont couverts d’une mosaïque de chênes, de châtaigniers et d’anciens pâturages abandonnés conquis par un maquis bas à cistes et bruyère (zones les plus rousses sur la photo). En arrière-plan les crêtes du Cardu (2453 m) se détachent du massif du Ritondu.

Dans les talwegs, l’eau est plus présente et les sols sont plus profonds, ce qui permet à une végétation plus arborée – châtaigneraie ou forêt – de s’y développer. Ce sont aussi des espaces plus souvent épargnés par les grands incendies que les étendues exposées des versants.

Le village de Pianello se perche sur un éperon rocheux présentant des écailles remarquables (bancs de schistes calcaires). En soulignant les fronts verticaux de chaque écaille, la végétation arborée accentue l’empreinte géologique dans le paysage.

3.11

B - Vallée de la Bravona

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Unités paysagères

Au sud-est, la vallée s’ouvre sur les premières collines de la plaine orientale que le fleuve traverse jusqu’à la mer. Le fond de vallée devient fertile dès la sortie des gorges, mais l’agriculture contemporaine a bien du mal à exploiter ces espaces, en raison des difficultés d’accès. Les pistes doivent être réservées aux éleveurs et exploitants agricoles, tandis que les sentiers ont vocation à guider les promeneurs.

La vallée de la Bravona partage avec celles de la Castagniccia des traits spécifiques : densité des villages, églises de style baroque, maisons bâties en pierres de schiste, présence de la châtaigneraie y compris sous forme de vergers entretenus, terrasses cultivées ou pâturées à proximité des hameaux mettant en valeur les paysages bâtis…

Épousant les moindres reliefs, les routes en balcon sont les fils conducteurs d’une scénographie dont la découverte des villages marque les temps forts. Ainsi, Moïta dont la silhouette se découpe sur un épaulement, révèle quand on l’approche sa densité et sa richesse architecturales. Autour du village, la géométrie des terrasses, jardins et vergers reste perceptible dans le paysage.

Tous les villages ont énormément de charme et de cachet. La voiture y est rarement acceptée, elle n’a guère sa place dans cet univers de calades, d’escaliers, de ruelles étroites et pentues. Comme ici à Matra, l’ambiance au village est moins rude, plus animée, plus colorée à l’époque des cerises qu’en hiver ; mais la vie s’y accroche en toutes saisons et les maisons sont restaurées une à une.

Cette vue vers Pianello en amont des gorges, prise à proximité du pont génois d’Alisu, met en évidence le jeu étonnant des plissements et des écailles géologiques qui façonne et anime le paysage.

3.11

C - Vallée de Cursigliese

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Unités paysagères

Sur les deux flancs de la vallée, les routes qui sinuent sur les crêtes la séparant des bassins de la Bravona et du Tavignanu dégagent des vues plongeantes sur le maquis du Cursigliese. Plus sauvage que sa voisine, cette vallée est vouée au maquis ou à la châtaigneraie, selon les versants et les expositions. Les villages y sont moins nombreux, les vallons plus secrets. Avec leurs alentours très aménagés, les ensembles bâtis implantés en hauteur se détachent dans un paysage de texture assez uniforme, à l’instar du village de Zuani.

La partie haute de la vallée de Cursigliese en particulier n’est guère habitée, en dehors des crêtes ou éperons les plus dominants. L’abandon de l’espace est ici manifeste. La couverture végétale très homogène facilite la lecture de la plastique générale du relief.

Le village de Pietraserena occupe une position remarquable sur la crête séparant le bassin versant du Cursigliese de celui du Tavignanu.

Comme le bassin jumeau de la Bravona, malgré son lien visuel avec la plaine, la vallée du Cursigliese demeure un monde à part. La partie basse reste sauvage et peu exploitée. Les seuls accès, pédestres, sont entretenus par les chasseurs. Le contraste avec l’animation de la plaine littorale toute proche est très fort.

Au contact avec la plaine, le Cursigliese change de direction et longe une ligne de faille rectiligne et alluvionnaire avant d’aller grossir les eaux du Tavignanu. Des gravières sont exploitées dans le lit majeur de la rivière.

 

Motifs & Enjeux

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