L’ensemble est constitué de deux vallées profondes et parallèles, orientées nord-ouest – sud-est, creusées dans les schistes par des rivières au régime torrentiel qui prennent naissance dans le massif du San Pedrone, au cœur de la Castagniccia : au pied de la Punta di Caldane pour la Bravona, sur les crêtes marquant la frontière avec le Boziu pour le Cursigliese.
Ces vallées très verdoyantes présentent un même profil en forte pente, avec des passages encaissés dans des gorges ou des défilés aux falaises verticales impressionnantes. Au sud-est, elles s’ouvrent brusquement en débouchant sur la plaine orientale, où les cours d’eau changent de régime. La Bravona ralentit sa course que le fleuve va poursuivre jusqu’à la mer, tandis que le Cursigliese bifurque plein sud au pied des versants, pour aller mêler ses eaux à celle du Tavignanu (1,2).
Les schistes et les ophiolites composant le substrat rocheux des vallées ont été soulevés, remaniés, compressés lors de l’orogenèse alpine. Ils affleurent sous la forme d’éperons, de plissements ou d’écailles qui animent les versants et donnent au paysage actuel une physionomie, un mouvement tout à fait singuliers (3,4).
Comme dans la Castagniccia voisine, de même nature géologique, la châtaigneraie reste florissante dans les vallons frais et sur les ubacs. Sur les vastes adrets le maquis à chêne vert, omniprésent en partie basse, laisse place en altitude à une végétation plus rase, ponctuée d’espaces de pâturage (5).
Caractéristique des paysages de moyenne montagne, d’innombrables vestiges de terrasses, de vignes et de vergers rappellent la vitalité passée d’une économie agropastorale aujourd’hui disparue. Dans les fonds de vallées étroits, les fougères et les fruticées ont colonisé les anciennes terres arables abandonnées. La plupart des relations d’interdépendance entre le haut et le bas s’étant rompues, les villages perchés vivent dans une économie déconnectée des cours d’eau et de leurs versants fertiles. L’attachement à la rivière, source de vie, demeure pourtant très fort. Dans la vallée de la Bravona notamment, les communes concentrent leurs efforts pour entretenir et restaurer les accès au « fleuve » et le patrimoine lié à celui-ci. A la belle saison l’attrait de la baignade contribue à perpétuer ce lien, voire à le renouer avec les jeunes générations.
Les routes qui relient les villages ont été quant à elles implantées à mi versant ou sur les crêtes. Ces voies de circulation en balcon, très sinueuses et parfois vertigineuses, offrent de remarquables itinéraires de découverte des paysages, et notamment des villages. Ces derniers se révèlent un à un au fil du parcours : à distance, par leur silhouette plus ou moins allongée ou ramassée, selon qu’ils se situent à flanc de montagne, sur une crête ou sur un éperon ; à proximité ou lorsqu’on y pénètre, en dévoilant leurs richesses architecturales et patrimoniales (1,6).