Atlas des paysages

de la Corse

3.13 - Vallée du Golu

Les communes de l'ensemble paysager

Piedigriggio, Prato-Di-Giovellina, Omessa, Popolasca, Volpajola, Vignale, Castiglione, Campitello, Morosaglia, Aiti, Soveria, Prunelli-Di-Casacconi, Valle-Di-Rostino, Canavaggia, Gavignano, Scolca, Castirla, Bigorno, Castello-Di-Rostino, Campile, Castineta, Bisinchi, Saliceto, Lento, Lano, Tralonca, Corscia

L’ensemble couvre la vallée du Golu, entre la Scala di Santa Regina à l’amont et le débouché du fleuve sur la plaine orientale à l’aval. Depuis le pont de Castirla jusqu’à la confluence avec l’Ascu, le cours d’eau s’oriente vers le nord en suivant l’axe du Sillon, la dépression centrale qui sépare la Corse dite cristalline à l’ouest (massif du Cintu), de la Corse dite alpine à l’est (Castagniccia). Butant sur les reliefs du Tenda au niveau de Ponte Leccia, il bifurque alors vers le nord-est : le Golu se fraye un étroit couloir dans un massif schisteux renforcé par quelques affleurements de serpentines et d’ophiolites, avant d’aller se jeter dans la mer Tyrrhénienne à la jointure des plaines de la Marana et de la Casinca. Au sud, l’ensemble est borné les petits vallons tributaires de la vallée principale, que les cols de San Quilico et d’Ominanda isolent du Cortenais. A l’est et à l’ouest, ce sont respectivement les crêtes du Pianu Maggiore et les contreforts des aiguilles de Popolasca qui délimitent le bassin versant. Au-delà de Ponte Leccia les gorges du Golu s’enfoncent entre les premiers contreforts du massif de Tenda (Costa Roda) et ceux du Rustinu (1-Ponte Leccia et l’amont de la vallée du Golu, avec les aiguilles de Popolasca en arrière-plan. 2-Les versants de Costa Roda juste avant le débouché de la vallée dans la plaine orientale).

Sur le plan géologique, la vallée du Golu se présente donc comme une zone de transition. Outre les jeux de failles orientant l’écoulement du fleuve, la rencontre de différentes roches met à jour des substrats variés qui marquent le paysage. Entre Omessa et Ponte Leccia, la RN193 traverse différentes formations caractéristiques, en particulier une série d’éperons calcaires dans le secteur d’Omessa et de Francardu, puis des dômes de conglomérats de galets (dont la matrice fine est bien visible au-dessus de la ligne de chemin de fer au niveau des lieux-dits Taverna et Strette a la Tinella), et enfin des grès et marnes donnant des collines aux formes plus molles. Vers l’ouest les sommets du massif du Cintu, et surtout les aiguilles rouges de Popolasca se détachent et animent l’horizon. Sur la rive opposée, après les calcaires de Francardu, la pinède de la forêt de Pineto couvre les versants de la vallée de la Casaluna et du Monte San Pedrone. Le large fond plat du Sillon a permis d’y maintenir des activités agricoles – principalement des prairies et de l’élevage bovin et ovin, quelques vignobles autour de Ponte Leccia.
Le paysage change totalement à partir de Ponte Leccia. Le Golu, grossi par les eaux de l’Ascu et de la Tartagine, taille son chemin vers la plaine avec une difficulté variable selon les substrats rencontrés. Ainsi a-t-il formé de petites plaines alluviales (Ponte Leccia, Ponte Novu, Barchetta) creusées dans les schistes lustrés, entrecoupées de couloirs étroits là où le fleuve a dû forcer son passage dans des roches bien plus dures (serpentines, gabbros…). D’où lorsque l’on descend le cours d’eau en suivant la RN193, un paysage très compartimenté. Les plaines alluviales, avec leurs prairies, leurs parcelles cultivées, leurs hameaux dispersés, offrent des ambiances rurales curieusement tempérées par la présence d’anciennes installations industrielles datant du XIXe et du début du XXe siècle : en s’implantant dans la vallée, la briqueterie de Francardu et les usines à tanin de Barchetta, notamment, bénéficiaient à la fois de la proximité des matières premières et de la voie ferrée ; la rénovation récente de ces sites industriels leur a donné une seconde vie. Ces séquences « ouvertes » alternent avec les passages plus encaissés, où les parois de la vallée se resserrent pour créer un décor de gorges sauvages (3-La vallée du Golu s’élargit un peu au niveau de Ponte Novu, ce qui a permis d’exploiter quelques parcelles cultivées sur les terrasses alluviales. 4-Gorge étroite creusée par le cours d’eau dans les serpentines).

Couloir naturel de passage entre l’intérieur de l’île et la plaine, la vallée du Golu a accueilli les infrastructures majeures que sont la RN193 et le chemin de fer Ajaccio-Bastia. Par ailleurs la confluence de nombreuses vallées et rivières secondaires fait de cet ensemble un carrefour entre plusieurs microrégions. Les rares villages situés dans les secteurs ouverts en fond de vallée, le long des voies de communication, connaissent un certain essor. C’est le cas de Soveria, de Ponte Novu, et surtout, de Ponte Leccia : sa localisation privilégiée, à la jonction des RN193 et 197, mais aussi des embranchements ferroviaires vers Bastia et Calvi, a fait de ce bourg récent un mini centre urbain dont les services et commerces desservent les populations de cette partie du Sillon et des vallées adjacentes. La plupart des noyaux villageois historiques, installés sur les versants, reliés à la RN193 par de petites routes départementales, restent à l’écart de cette croissance.

On a donc un ensemble « à deux vitesses », avec un espace relativement étroit le long de la nationale et de la voie ferrée, où le développement se concentre dans des « nœuds » d’urbanisation, et les piémonts et vallons jouxtant ce linéaire, qui continuent à subir comme beaucoup de territoires de la Corse intérieure l’impact de la déprise agricole et de la désertification rurale.

3.13

A - Canale di Omessa – Castirla – Soveria

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Unités paysagères

Venant du bassin de Corte au sud, une fois franchi le tunnel de San Quilico par la RN193 ou passé le col par l’ancienne route, la descente vers la vallée du Golu marque un resserrement des lignes d’horizon. On entre dans un couloir, un « canal » qui évoque, à moindre échelle, celui de la vallée de l’Ostriconi. De part et d’autre s’élèvent des reliefs taillés dans les nappes sédimentaires, telle la falaise calcaire du Monte A Supietra, située près d’Omessa. Une ancienne carrière y produisait une chaux connue sous le nom de « calcaire de Caporalino ».

A l’exception de Francardo et du hameau de Caporalino, les villages sont implantés à l’écart de la RN193. Si Soveria se découpe en majesté au-dessus de la route, il faut quitter l’axe principal de la vallée et prendre les petites routes départementales pour découvrir Omessa et les hameaux des versants, parfaitement intégrés à leur décor sur la toile de fond des montagnes (Le village de Soveria devant les aiguilles de Popolasca).

Castirla vu depuis le massif du San Pedrone. Le village reste absolument invisible des routes qui traversent les vallons et notamment du couloir de la RN193.

3.13

B - Contreforts de Popolasca et Rundinaia

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Unités paysagères

L’unité recouvre les piémonts aux reliefs relativement doux situés entre la rive gauche du Golu et les aiguilles de Popolasca. Sans atteindre à la notoriété des aiguilles de Bavella, ces crêtes effilées de granite rouge qui flirtent avec les 2000 mètres (2180 m pour la Cima a i Mori) ne sont pas moins spectaculaires. Visibles de presque partout, elles constituent des points de repère à forte valeur identitaire (Prato di Giovellina, Popolasca et les aiguilles vus depuis le massif du San Pedrone).

Hormis les vues hautes et lointaines sur les pointes de Popolasca, le relief vallonné des contreforts et son couvert forestier offrent peu de perspectives dégagées. Depuis la RD84, ou la RD18 à flanc de versant, on découvre un paysage de collines boisées qui se dévoile progressivement à travers une succession de visuels rapprochés.

Les villages historiques accrochés à flanc de versant, comme Popolasca et Prato di Giovellina, ou bien accroupis sur de petites buttes à l’instar de Piedigriggio, ou encore posés en équilibre sur une crête tel Castiglione, dans leur parure naturelle de forêts ou de maquis, sont autant de portes d’entrée vers les paysages préservés de la montagne. En contrebas du village de Castirla, un pont génois à trois arches, dit « Pont du diable », garde l’entrée de la Scala di Santa Regina menant à la haute vallée du Golu (Niolu) (sur le cliché, Castirla).

3.13

C - Cirque de Ponte a Leccia

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Unités paysagères

Région carrefour par excellence, la moyenne vallée du Golu, autour de Ponte Leccia, est le lieu de convergence de plusieurs vallées secondaires (vallée de Casaluna née dans la Castagniccia, vallées d’Ascu et de Tartagine provenant du massif du Cintu). C’est aussi le point d’intersection des axes majeurs routiers et ferroviaires reliant Corte (et au-delà, Ajaccio) au nord de la côte orientale et à l’agglomération bastiaise (par les gorges du Golu), mais aussi à Calvi, Île-Rousse et la Balagne (par la vallée de l’Ostriconi).

A l’aval de Ponte Leccia, le Golu laisse la plaine et les vignobles des piémonts pour bifurquer vers le nord-est. La route et la voie ferrée s’engouffrent avec lui dans l’étroit défilé creusé par le cours d’eau dans le massif schisteux, entre Tenda et Castagniccia. Ici le fleuve peut prendre ses aises, son lit s’élargit et devient plus mobile. Cependant la plaine autour de Ponte Leccia et les piémonts peu élevés à l’ouest dans l’ouverture des vallées d’Ascu et de Tartagine, butent très vite sur les reliefs prononcés des contreforts des massifs environnants. D’où l’impression d’être dans un cirque, plutôt que dans une plaine ouverte. Si le fond de vallée accueille quelques cultures, les premières pentes sont pâturées de façon extensive.

La RN193 traverse le Golu en empruntant le Ponte alla Leccia, bâti par les Génois à la fin du XVIIe siècle, un peu en amont du confluent avec l’Ascu. C’est là que s’est développée la bourgade de Ponte Leccia, dont l’apparence quelque peu endormie ne reflète pas sa vocation de « capitale » micro-régionale. L’absence de fortes contraintes spatiales susceptibles de limiter l’étalement des constructions appelle une vigilance particulière, qui ne doit pas empêcher la petite ville de mieux affirmer son caractère de centre urbain.

3.13

D - Costa Roda et lit du Golu

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Unités paysagères

L’unité englobe le lit du Golu, entre le pont de chemin fer à l’amont de Ponte Novu et Cazamozza, porte de sortie sur la plaine orientale, ainsi que les villages hauts perchés du Costa Roda, sur l’adret de la vallée (rive gauche, correspondant aux versants du Tenda). L’ubac (rive droite) a été dissocié de l’unité et rattaché à l’ensemble voisin : par ses paysages, bien plus verdoyants que ceux de la rive opposée (maquis à chêne vert, subéraies, châtaigneraies, oliveraies couvrent les vallons plus amples que sur l’adret), ce versant exposé au nord appartient déjà à la Castagniccia.

Les fortes pentes du pied de versant sud sont tapissées d’un maigre et bas maquis à genêt et à ciste, héritage de l’exposition sèche et des incendies à répétition. Les villages anciens (Canavaggia, Bigorno, Lento, Campitello, Volpajola, Scolca, Vignale) se sont installés plus haut, sur des croupes dominants des vallons où subsiste une végétation arborée, sous les pâturages qui s’étendent jusqu’aux premières hautes crêtes du Tenda. Une étroite route en balcon dessert ces villages aux toits de lauzes typiques de la Corse schisteuse (Photo du haut : Canavaggia. En bas : Lento).

En fond de vallée où se serrent toutes les voies de communication – le fleuve, la route, le rail –, le manque de recul crée une sensation de « canyon ». Il n’y a guère de communication visuelle entre les versants et le couloir du fleuve, les deux mondes se côtoient en s’ignorant. Le paysage est fermé latéralement, mais aussi longitudinalement par les méandres du Golu et les verrous rocheux. Chaque tournant marque ainsi l’entrée dans une nouvelle séquence paysagère. Torrentiel lorsqu’il doit creuser son sillon dans les roches dures, le cours d’eau ralentit quelque peu quand son lit devient plus ample. Le paysage s’ouvre au niveau de ces élargissements. A Ponte Novu et Barchetta, les plaines alluviales les plus significatives ont pu accueillir un habitat diffus relativement récent, ainsi que quelques cultures.

 

Motifs & Enjeux

Aucune donnée définie dans l'atlas
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