L’ensemble couvre la vallée du Golu, entre la Scala di Santa Regina à l’amont et le débouché du fleuve sur la plaine orientale à l’aval. Depuis le pont de Castirla jusqu’à la confluence avec l’Ascu, le cours d’eau s’oriente vers le nord en suivant l’axe du Sillon, la dépression centrale qui sépare la Corse dite cristalline à l’ouest (massif du Cintu), de la Corse dite alpine à l’est (Castagniccia). Butant sur les reliefs du Tenda au niveau de Ponte Leccia, il bifurque alors vers le nord-est : le Golu se fraye un étroit couloir dans un massif schisteux renforcé par quelques affleurements de serpentines et d’ophiolites, avant d’aller se jeter dans la mer Tyrrhénienne à la jointure des plaines de la Marana et de la Casinca. Au sud, l’ensemble est borné les petits vallons tributaires de la vallée principale, que les cols de San Quilico et d’Ominanda isolent du Cortenais. A l’est et à l’ouest, ce sont respectivement les crêtes du Pianu Maggiore et les contreforts des aiguilles de Popolasca qui délimitent le bassin versant. Au-delà de Ponte Leccia les gorges du Golu s’enfoncent entre les premiers contreforts du massif de Tenda (Costa Roda) et ceux du Rustinu (1-Ponte Leccia et l’amont de la vallée du Golu, avec les aiguilles de Popolasca en arrière-plan. 2-Les versants de Costa Roda juste avant le débouché de la vallée dans la plaine orientale).
Sur le plan géologique, la vallée du Golu se présente donc comme une zone de transition. Outre les jeux de failles orientant l’écoulement du fleuve, la rencontre de différentes roches met à jour des substrats variés qui marquent le paysage. Entre Omessa et Ponte Leccia, la RN193 traverse différentes formations caractéristiques, en particulier une série d’éperons calcaires dans le secteur d’Omessa et de Francardu, puis des dômes de conglomérats de galets (dont la matrice fine est bien visible au-dessus de la ligne de chemin de fer au niveau des lieux-dits Taverna et Strette a la Tinella), et enfin des grès et marnes donnant des collines aux formes plus molles. Vers l’ouest les sommets du massif du Cintu, et surtout les aiguilles rouges de Popolasca se détachent et animent l’horizon. Sur la rive opposée, après les calcaires de Francardu, la pinède de la forêt de Pineto couvre les versants de la vallée de la Casaluna et du Monte San Pedrone. Le large fond plat du Sillon a permis d’y maintenir des activités agricoles – principalement des prairies et de l’élevage bovin et ovin, quelques vignobles autour de Ponte Leccia.
Le paysage change totalement à partir de Ponte Leccia. Le Golu, grossi par les eaux de l’Ascu et de la Tartagine, taille son chemin vers la plaine avec une difficulté variable selon les substrats rencontrés. Ainsi a-t-il formé de petites plaines alluviales (Ponte Leccia, Ponte Novu, Barchetta) creusées dans les schistes lustrés, entrecoupées de couloirs étroits là où le fleuve a dû forcer son passage dans des roches bien plus dures (serpentines, gabbros…). D’où lorsque l’on descend le cours d’eau en suivant la RN193, un paysage très compartimenté. Les plaines alluviales, avec leurs prairies, leurs parcelles cultivées, leurs hameaux dispersés, offrent des ambiances rurales curieusement tempérées par la présence d’anciennes installations industrielles datant du XIXe et du début du XXe siècle : en s’implantant dans la vallée, la briqueterie de Francardu et les usines à tanin de Barchetta, notamment, bénéficiaient à la fois de la proximité des matières premières et de la voie ferrée ; la rénovation récente de ces sites industriels leur a donné une seconde vie. Ces séquences « ouvertes » alternent avec les passages plus encaissés, où les parois de la vallée se resserrent pour créer un décor de gorges sauvages (3-La vallée du Golu s’élargit un peu au niveau de Ponte Novu, ce qui a permis d’exploiter quelques parcelles cultivées sur les terrasses alluviales. 4-Gorge étroite creusée par le cours d’eau dans les serpentines).
Couloir naturel de passage entre l’intérieur de l’île et la plaine, la vallée du Golu a accueilli les infrastructures majeures que sont la RN193 et le chemin de fer Ajaccio-Bastia. Par ailleurs la confluence de nombreuses vallées et rivières secondaires fait de cet ensemble un carrefour entre plusieurs microrégions. Les rares villages situés dans les secteurs ouverts en fond de vallée, le long des voies de communication, connaissent un certain essor. C’est le cas de Soveria, de Ponte Novu, et surtout, de Ponte Leccia : sa localisation privilégiée, à la jonction des RN193 et 197, mais aussi des embranchements ferroviaires vers Bastia et Calvi, a fait de ce bourg récent un mini centre urbain dont les services et commerces desservent les populations de cette partie du Sillon et des vallées adjacentes. La plupart des noyaux villageois historiques, installés sur les versants, reliés à la RN193 par de petites routes départementales, restent à l’écart de cette croissance.
On a donc un ensemble « à deux vitesses », avec un espace relativement étroit le long de la nationale et de la voie ferrée, où le développement se concentre dans des « nœuds » d’urbanisation, et les piémonts et vallons jouxtant ce linéaire, qui continuent à subir comme beaucoup de territoires de la Corse intérieure l’impact de la déprise agricole et de la désertification rurale.