Atlas des paysages

de la Corse

5.04 - Costa Verde Cervione

Les communes de l'ensemble paysager

Talasani, Poggio-Mezzana, Santa-Lucia-Di-Moriani, San-Giovanni-Di-Moriani, San-Nicolao, Santa-Maria-Poggio, Valle-Di-Campoloro, Pero-Casevecchie, Santa-Reparata-Di-Moriani, Velone-Orneto, Taglio-Isolaccio, Sant’andrea-Di-Cotone, San-Giuliano, Felce

Entre deux petits fleuves côtiers, le Fium’Altu au nord et l’Alisani au sud, la plaine orientale se resserre à hauteur du massif de la Castagniccia : dans cet espace de transition entre la Casinca et la grande plaine d’Aleria-Ghisonaccia, la piaghja – le domaine des basses terres littorales – paraît s’effacer pour laisser la montagne descendre à la rencontre de la mer. Bornée à l’est par la Méditerranée, l’étroite bande côtière vient s’adosser à l’ouest sur une ligne de crêtes d’orientation nord-sud, qui culmine à 1200 mètres d’altitude et sépare l’ensemble du cœur intérieur de la Castagniccia dont il forme un avant-poste (1).

Ces hautes crêtes si proches de la mer forment une barrière efficace aux nébulosités et vents humides venant de la mer. D’où des précipitations importantes qui font de ce secteur l’un des plus arrosés du littoral corse. Le microclimat favorise une couverture végétale riche, dense et abondante, y compris dans la plaine sédimentaire cloisonnée par les vallons qui draînent le flanc oriental de la Castagniccia. Seule l’ultime frange côtière est vraiment plane : c’est là que passe la RN198, juste en arrière du cordon de sable littoral, c’est là aussi que se concentrent les activités commerciales et artisanales et l’urbanisation balnéaire.
Comme sur les côtes de Casinca et de la Marana, la topographie commande ainsi l’organisation des paysages, en trois étages disposés parallèlement aux crêtes montagneuses et au bord de mer.

Les versants boisés dénotent leur appartenance à la Castagniccia. On y retrouve les mêmes villages anciens accrochés aux reliefs, avec leurs clochers élancés et leur riche architecture traditionnelle, une forte présence de l’eau (nombreuses fontaines…) mais aussi un sentiment de relatif abandon hors de la période estivale, sauf dans les localités les plus proches de la plaine comme Cervione (2). La forêt mixte à châtaignier, aulne cordé et charme houblon occupe les ubacs et les fonds de vallons, laissant place au maquis à chêne vert sur les pentes les plus exposées (3).

En piémont, entre les collines couronnées de bois de chênes lièges se maintient une modeste agriculture de bocage, avec une prédominance de prairies et de vergers (agrumes, kiwis…). Dans ce paysage relativement fermé les ripisylves signalent le passage des cours d’eau. Cette campagne habitée subit la pression croissante d’une urbanisation plus ou moins diffuse (4).

La bande côtière est quant à elle déjà en grande partie urbanisée – notamment autour de Moriani Plage – ou en voie de l’être. De part et d’autre de la route, les vues sur les paysages sont brouillées par la multiplication désordonnée des constructions en premier plan. Comme sur l’ensemble du littoral sableux de la côte orientale, mais de façon plus marquée ici, les plages subissent localement des phénomènes d’érosion, dus à la conjonction de causes naturelles (montée du niveau marin, tempêtes) et des impacts sur les transports de sédiments des aménagements littoraux tels que le port de Campuloru.

Les enjeux liés à ces paysages sont les mêmes que dans les ensembles littoraux voisins. En partie basse, les limites entre l’urbanisation et les espaces cultivés ou naturels perdent leur lisibilité. Une valorisation maximale de la plaine est recherchée, avec un risque de saturation d’autant plus grand que l’espace est ici très limité. La concentration des nouveaux quartiers et des zones d’activités dans la plaine et le piémont résidentiel présente un avantage : elle a permis de préserver jusqu’à présent les villages historiques des versants et leur écrin végétal. Mais un équilibre est à (re)trouver entre ces trois espaces en co-visibilité.

Références bibliographiques

Inventaire du patrimoine naturel corse

Loÿe-Pilot M. D., Lahondère J. C., Ferrandini J. Carte Géologique de la France 1/50000 – Cervione – Notice explicative de la feuille. 1994.

Caron J. M., Loÿe-Pilot M. D. Carte Géologique de la France 1/50000 – Pietra-di-Verde – Notice explicative de la feuille. 1990.

Bloc diagramme 3D

Sources - IGN / Ortho HR Janvier 2021 / RGE Alti 2020

5.04

A - Versants de Tavagna et piémonts de Morianinccu

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Unités paysagères

La route en balcon qui relie les villages les uns aux autres offre des points de vue remarquables sur la plaine côtière, mais aussi sur les hameaux arrimés aux versants. Au fil des parcours se succèdent les séquences fermées, lors des passages en forêt ou en fond de vallon, et les séquences ouvertes sur les villages ou sur la mer. Tout lien visuel et toute référence à la mer si proche disparaissent dès l’instant où, passé un petit col ou une crête secondaire, on bascule dans l’univers verdoyant et paisible des vallons intérieurs.

L’unité comporte deux secteurs inscrits à l’inventaire du patrimoine naturel corse : la Znieff « Hauts maquis préforestiers des collines orientales de la Castagniccia » (n°0112, 1200 ha), correspondant au haut bassin versant du Buccatoju, remarquable par l’importance et la diversité de ses peuplements forestiers ; et la Znieff « Forêts et pelouses du Monte Olmelli » (n°01090000, 694 ha) localisée sur les hauts versants boisés qui séparent la région du Morianincu de la Castagniccia.

5.04

B - Plaine de Campuloru

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Unités paysagères

La qualité paysagère de l’unité est affectée par l’artificialisation et la banalisation progressives des abords de la RN198, qui la traverse dans toute sa longueur.

Il y a longtemps que les troupeaux ne voient plus passer de trains dans cette partie de la côte orientale. La ligne de chemin de fer entre Bastia et Porto-Vecchio a été fermée en 1945 au sud de Cazamozza, et les rails démontés. Reste l’emprise de l’ancienne voie, devenue un chemin qui dessert ici des lotissements, là des parcelles agricoles, ailleurs des espaces plus sauvages. Ce cheminement propose une vision de la plaine très différente de celle que l’on a depuis la route. Il justifierait un aménagement spécifique.

De petites stations balnéaires ont vu le jour sur la Costa Verde, en particulier à Moriani Plage et Prunete. La plupart des points d’urbanisation correspondent cependant à des résidences de vacances animées seulement pendant la saison estivale. Rares sont les implantations qui associent de façon heureuse résidentiel touristique et habitat permanent.

Le port de plaisance de Campuloru a été construit de toutes pièces sur un site dépourvu d’abri ou de points d’appui naturels. Les plages de sable au nord de l’aménagement subissent une forte érosion.

 

5.04

C - Versants de Campuloru

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Unités paysagères

La profondeur moindre de ces contreforts ne permet que très rarement d’abriter les ubacs et vallons frais propices à la châtaigneraie. Chênes verts et maquis couvrent la plus grande partie des versants aux pentes raides qui regardent bien au-delà de la côte, vers le grand large. En équilibre sur la montagne, les villages n’en paraissent que plus aériens.

Dans son amphithéâtre de montagnes, à près de 400 mètres d’altitude, Cervione et sa cathédrale baroque dominent les basses terres de la piaghja. Située à cinq kilomètres des plages à vol d’oiseau, la principale agglomération de l’Alesani-Campuloru est aussi l’un des points d’entrée vers le cœur de la Castagniccia.

Motifs & Enjeux

Motifs & Enjeux