Atlas des paysages

de la Corse

3.19 - Vallées du Sartenais

Les communes de l'ensemble paysager

Viggianello, Arbellara, Granace, Santa-Maria-Figaniella, Fozzano, Propriano, Olmeto, Sainte-Lucie-De-Tallano, Olmiccia, Foce, Mela, Belvedere-Campomoro, Petreto-Bicchisano, Moca-Croce, Loreto-Di-Tallano, Sartene, Zerubia, Casalabriva, Levie, Bilia

Au sud-ouest de l’île, l’ensemble s’organise autour du golfe du Valincu, le moins vaste des quatre grands golfes qui échancrent les côtes occidentales de la Corse. Il prend ses racines dans les montagnes de l’intérieur, avant de s’ouvrir sur la mer. Au nord, il s’appuie sur le chaînon d’Istria, culminant au Monte San Petru (1362 m) qui isole la vallée du Baraci du bassin versant du Taravu ; la RN196 venant d’Ajaccio franchit ces reliefs au col de Celaccia (583 m), au-dessus d’Olmeto. L’ensemble est borné au sud et au sud-ouest par une série de croupes séparant le bassin du Rizzanese et du Fiumicicoli de la grande vallée de l’Ortolu, sous la montagne de Cagna, et du massif littoral de Campumoru-Senetosa. Sur sa face orientale, il se raccorde à l’Alta Rocca à l’aval des villages de Santa Lucia di Tallano et de Levie (1-Vue vers l’amont de la vallée du Baraci depuis la RD19 près d’Arbellara ; à gauche, les versants du Monte San Petru s’élèvent en limite d’ensemble, tandis qu’à droite les maisons de Figaniella s’accrochent sur les contreforts du Monte Rossu. 2-Le village d’Arbellara sur la rive gauche du Baraci, vu depuis la RD119. 3-Au-delà de la cuvette cultivée du Rizzanese, on aperçoit le fond du golfe, et en arrière-plan, le village d’Olmeto à mi-pente sur son versant).

Entre ces « frontières » naturelles, l’espace du Valincu-Sartenais se caractérise par des altitudes qui ne dépassent guère 600 mètres, sauf sur les contreforts des reliefs qui le bordent. Une succession de gradins, d’altitude croissante en partant du littoral, dessine un paysage de coteaux dominés par les montagnes environnantes. Aux plaines bocagères bien marquées succède ainsi un parcellaire agricole plus vallonné, lequel s’étend jusqu’aux versants boisés, eux-mêmes relayés par les crêtes rocheuses. Aux embouchures du Rizzanese et du Baraci le littoral est barré de grands cordons sableux qui isolent et protègent des zones humides exploitées comme pâturages ou conservées en espaces naturels.
Une ligne de crêtes secondaire, passant au-dessus des villages de Santa Maria Figaniella, Fozzano, Arbellara et Viggianello, descend vers la mer en détachant l’une de l’autre les vallées du Baraci et du Rizzanese ; elle rejoint le littoral au Capu Laurosu, par le plateau de Paratedda inclus dans l’espace urbain de Propriano. Au-delà de l’embouchure du Rizzanese, les falaises côtières de Belvedere-Campomoro en sont un prolongement. La nature des sols explique la formation de ce paysage à dominante collinaire : ce sont ici des granites à biotite et des granodiorites peu résistants à l’érosion qui prédominent ; d’où ces reliefs « mous », couverts d’une arène (tufu ou tuf) provenant de l’altération du substrat rocheux. Ce visage contraste avec celui des montagnes alentours, formées des durs granites clairs alcalins. Cependant, localement, l’érosion différentielle a parsemé les vallées du Sartenais de buttes constituées d’affleurements de roches magmatiques aux teintes sombres (gabbros, diorites). La micro région est également connue sous le nom de la Rocca : ce toponyme la rattache à l’Alta Rocca, deux entités d’un même territoire où les granites magmatiques sont omniprésents.

L’ensemble comprend trois entités géographiques.
Au nord, la vallée du Baraci, ouverte sur le fond du golfe avec lequel elle reste toujours en relation visuelle, offre des paysages variés. Large et ouverte en partie basse, elle se resserre entre de hautes barrières montagneuses en amont, sous les cols de Saint-Eustache (995 m) et de la Tana (975 m) que franchit la RD420. La géométrie très claire de la vallée définit un axe de vue majeur d’orientation sud-ouest – nord-est. La rive droite reste partout escarpée, tandis que le versant opposé s’abaisse à l’aval des crêtes de Santa Maria Figaniella ; dans le secteur de Fozzano et de Viggianello, qui communique avec la vallée du Rizzanese par le col de l’Arbellara, les pentes douces et les replats présentent un caractère rural très marqué. L’implantation et l’organisation des villages traditionnels contraste avec l’urbanisation littorale, plus particulièrement en voie d’extension au pied des versants d’Olmeto où la côte rocheuse abrite de petites plages de sable agrémentées de chaos granitiques (4,5-Panoramas sur la vallée du Baraci depuis les routes en balcon qui relient les villages des versants ; il est dommage que les pylônes et tendus des réseaux aériens viennent souvent perturber les visuels. 6-Mausolée et chemin muletier entre murs de pierre à l’entrée de Fozzano sur la RD19).

Au sud-ouest, les versants du Capu di Locu (439 m) tombent abruptement dans la mer, entre la crête de Portigliolo et et Punta di Campumoru qui verrouille l’entrée méridionale du golfe. Le hameau de Belvedere et la marine de Campomoro ponctuent ce littoral sauvage et escarpé, donnant leur nom à l’unité.
Entre ces deux entités se développe au sud-est l’ample vallée du Rizzanese – l’un des « grands fleuves » de Corse – et de son affluent principal en rive gauche, le Fiumicicoli (7-La plaine du Rizzanese vue depuis Sartène. 8-Le Fiumicicoli au niveau de la forêt domaniale de Valdu Grossu).

Elle communique à l’est avec les unités de l’Alta Rocca : le Tallanais, correspondant à la haute vallée du Rizzanese, et les piémonts de Carbini en amont du col de Mela (Foce di Mela) et de la forêt domaniale de Valdu Grossu. Les villages et hameaux peu nombreux sont situés sur des replats de reliefs, seules quelques fermes occupent le fond de vallée très évasé où se déploie la géométrie du parcellaire agricole (9).

Cependant, le système complexe de vallonnements entrecoupés de hautes buttes donne un paysage difficile à cerner. A l’approche de la mer, la plaine alluviale de Tavaria résulte des anciennes divagations du lit du Rizzanese. L’enjeu consiste ici à concilier l’urbanisation autour de Propriano, la vocation balnéaire des plages et la préservation des milieux naturels caractéristiques des plaines inondables (10-Des plaines alluviales inondables se sont formées près des embouchures. 11-Le cordon sableux de Portigliolo près de Propriano).

L’ensemble compte également deux pôles urbains. L’agglomération portuaire de Propriano, ancienne marine dont le développement récent reflète celui du tourisme balnéaire estival, occupe une position abritée au creux du golfe du Valincu. Le noyau bâti ancien est aujourd’hui noyé par les extensions récentes. Si les vues depuis la RN196 sur les hauteurs du versant opposé mettent en valeur ce site urbain, l’approche de la ville révèle un paysage bien moins qualitatif (12-Le fond du golfe du Valincu et Propriano vus depuis les versants d’Olmeto. 13-Propriano).

La ville de Sartène, cité historique, occupe quant à elle un promontoire sur la rive gauche du Rizzanese (14).

Ce « nid d’aigle » s’affirme fortement dans le paysage par sa position haute et la forte densité de son bâti. Sa découverte visuelle est magnifiée par les multiples perspectives qui s’offrent sur les différentes facettes de la cité depuis les routes environnantes.
De la Punta di Balconcelli à la Punta di Campumoru, le trait de côte se caractérise par la grande diversité des formes de contacts entre la mer et la terre, avec un littoral tantôt rocheux, tourmenté et abrupt, tantôt ourlé de petites criques ou éployé en grandes plages de sable. Le Conservatoire du littoral protège plusieurs sites majeurs le long de ces rivages : les dunes de Baraci, la plage de Portigliolo, les pointes rocheuses de l’Aliva, de l’Omu et de Campumoru (15-Plage de Portigliolo).

Références bibliographiques

Oliveraies d’Olmeto – Santa Maria Figaniella, ZNIEFF n°0174, Inventaire du patrimoine naturel de Corse.

Boulmer M. & Recorbet B, Zone humide et plage du Rizzanese – Cordon littoral de Portigliolo, ZNIEFF n°00670000, Inventaire du patrimoine naturel de Corse, 2008.

Gilles Giovannangeli, Liliane Giovannangeli, Jean-Paul Laleure, Ghjuvan Battistu Paoli, Sartène et le Valincu, CRDP de Corse, 1999.

Jean-François Cubells, Alain Gauthier, Sartenais-Valinco : découverte du patrimoine naturel, CRDP de Corse, 2011.

Guy-Patrick Azémar, avec des illustrations d’Isabelle Istria, Campomoro Senetosa, Actes Sud – Dexia éditions / Conservatoire du littoral, 2007. Texte réédité dans Encyclopédie du littoral, Actes Sud / Conservatoire du littoral, 2010.

3.19

A - Cirque de Baracci et versants d’Olmeto

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Unités paysagères

Dans la plaine alluviale inondable qui s’étend au fond du golfe, derrière l’embouchure du Baraci, de grandes prairies agricoles bordées de douces collines bocagères font une transition avec les versants boisés où s’accrochent les villages historiques. Au voisinage de Propriano – notamment près de Viggianello – et en bord de mer, les pentes des collines sont cependant mitées par l’installation récente d’un habitat récent diffus. Ce dernier brouille la perception du parcellaire agricole et la lecture des noyaux bâtis anciens.

En remontant le cours du Baraci vers l’intérieur de l’unité, le paysage conserve la même organisation générale, malgré le rétrécissement de la plaine en fond de vallée. Les versants sont très boisés, quelques amas rocheux et parfois des vestiges d’anciennes terrasses agricoles émergeant çà et là de la couverture forestière de chênes verts.

Plus haut en amont la vallée du Baraci se referme, prenant l’allure d’un cirque montagneux cerné par de grandes barres rocheuses et les hautes crêtes rouges de Santa Maria Figaniella. Cette partie haute de la vallée, où le vert des pins laricio contraste avec les couleurs et les tonalités minérales du granite, peut être découverte par la RD419 qui grimpe vers le col de Saint-Eustache (995 m), mais aussi par la RD19 montant vers le col de Siu (731 m) depuis le village historique de Fozzano.

Juchés sur des épaulements des montagnes, les villages de Fozzano (au second plan) et Santa Maria Figaniella, entre lesquels s’étend un ancien verger d’oliviers. Leurs abords immédiats, bien entretenus en prairies et vergers, mettent en évidence le bâti dense des bourgs dont le caractère s’accorde avec le paysage environnant.

Depuis les villages étagés en bord de route s’ouvrent de superbes panoramas sur la vallée et le golfe de Valincu. La découverte de ces paysages peut se faire aussi à partir de nombreux chemins balisés –  dont les sentiers Mare e Monti et Mare a Mare sud qui se rejoignent à Fozzano.

En aval d’Olmeto, village belvédère sur la RN196 qui surplombe la plaine du Baraci, le fond du golfe et l’agglomération portuaire de Propriano sur la rive opposée, les versants de la rive nord subissent une pression immobilière croissante.

De part et d’autre de la tour génoise de la Calanca, dans le secteur d’Olmeto-plage entre Vetricella et Abbartello, résidences de tourisme et campings ont poussé dans le maquis des pentes les plus proches du littoral ou avec « vue sur la mer », autrefois vierges de toute construction.

3.19

B - Plaine du Valincu – Rizzanese

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Unités paysagères

L’unité recouvre l’embouchure du Rizzanese ainsi que les collines avoisinantes, plus élevées en rive gauche (Punta di Muro, 605 m) qu’en rive droite. Comme dans tous les estuaires, la fertilité des sols de la plaine alluviale de Tavaria a permis à des activités agricoles de se maintenir. Mais le paysage est surtout marqué par la présence de l’agglomération de Propriano, dont les prolongements périurbains se développent à l’arrière de la marine historique et de son port (Le port de Propriano).

L’habitat résidentiel s’étale sur les collines autour du noyau portuaire, tandis que les constructions artisanales et commerciales se multiplient dans la plaine de part et d’autre de la RN196, jusqu’au pont de Rena Bianca où la route rejoint le lit du Rizzanese. L’aérodrome de Propriano et une zone d’activités sont installés en rive gauche dans la plaine inondable (la zone d’activité près du pont de Rena Bianca vue depuis la RD121). Malgré les travaux de génie civil réalisés pour dévier son cours vers la mer afin d’aménager l’aérodrome, le fleuve n’a jamais abandonné totalement son lit originel : juste derrière la plage de Portigliolo, le Rizzanese bifurque vers le sud parallèlement à la plage, venant ainsi alimenter une zone humide naturelle.

Entre Capu Laurosu au nord (rive droite du Rizzanese) et Portigliolo au sud, le cordon littoral forme sur la rive gauche une plage de sable longue de quatre kilomètres, en forme d’arc tendu, interrompue seulement par l’embouchure du cours d’eau. Le cordon dunaire de la plage de Portigliolo isole de la mer une basse terrasse limoneuse inondée lors des fortes crues. L’espace qui n’a pas été artificialisé par l’emprise de l’aérodrome sert de pâturage à des troupeaux de bovins (prairies et zones humides à l’arrière de la plage de Portigliolo).

La grande plage avec ses dunes, les marais bordés de tamaris et la ripisylve à peupliers et à saules forment un écosystème exceptionnel, typique des embouchures de fleuve de la côte occidentale de la Corse. Outre des milieux littoraux d’intérêt européen, le site « Zone humide et plage du Rizzanese – Cordon littoral de Portigliolo » (ZNIEFF n°00670000) abrite les deux espèces protégées de tortues présentes en Corse, la Cistude d’Europe et Tortue d’Hermann, ainsi qu’une plante endémique inscrite à la Directive européenne Habitats, la Buglosse crépue (Anchusa crispa). L’espace naturel de Portigliolo, protégé par le Conservatoire du littoral, a une valeur d’autant plus inappréciable qu’il s’étend aux portes mêmes de la ville de Propriano. Son approche pédestre à travers les pâturages d’arrière-plage ajoute encore au charme de sa découverte.

3.19

C - Plaines et piémonts du Sartenais

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Unités paysagères

L’unité s’articule autour d’une série de croupes rocheuses – dont celle de Sartène – qui avoisinent ou dépassent les 600 mètres : Punta di Corna Caprunu (567 m), Punta di Muro (605 m), Monte Grosso (625 m)… Certaines de ces serre frôlent même les 700 mètres au-dessus de Foci Bilzesi, à l’instar de la Punta di Furcone (689 m). Entre ces hauteurs, la vallée du Rizzanese déroule un paysage de collines aux pentes douces, entrecoupées de plaines où l’on retrouve une occupation des sols à structure bocagère.

La présence de vignobles, d’oliveraies et d’exploitations de chênes-lièges (subéraie en premier plan) vient ici enrichir le paysage de bocage agricole. Le liseré arboré de la ripisylve qui ombrage le cours d’eau apporte un motif supplémentaire dans cette palette paysagère.

Au-dessus des prairies agricoles, avec leurs arbres isolés et leurs haies d’arbustes animant le paysage, les maquis plus moins dégradés gravissent les versants – ici d’adret – où les boisements se font plus épars.

Sur ces mêmes versants sont perchés les hameaux et villages anciens, lesquels se font parfois très discrets au milieu de la végétation. Au premier plan de cette vue du hameau de Tirolo situé à l’est de l’unité, un chaos rocheux granitique anticipe un élément paysager qui deviendra plus manifeste dans l’ensemble voisin de l’Alta Rocca (caché ici derrière les crêtes boisées au pied du massif de Bavella Cuscionu dont les sommets se détachent en arrière-plan).

Les forêts de chênes verts se font plus denses et plus uniformes sur les versants d’ubac. Les petites routes qui les sillonnent en reliant les hameaux cheminent discrètement sous ce couvert forestier, dont elles ne s’extraient que rarement pour offrir des points de vue dégagés.

3.19

D - Ville de Sartène

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Unités paysagères

« Le paysage est tout à fait sévère quand on arrive en face de Sartène. La ville est haut perchée, aux deux tiers d'une montagne, et ses maisons de granit, carrées, serrées les unes contre les autres, rappellent les vieilles cités italiennes qui ne vivent point encore de l'étranger. Quelques vergers coupés de murs l'enveloppent en bas. Mais au-dessus d'elle la croupe de la montagne n'a point de végétation. Ce sont des pentes régulières, mêlées de landes et de pierrailles, où sèchent des lessives blanches, où se lèvent des tombeaux en forme de chapelles. Et tout l'immense paysage n'est que de montagnes pareilles, à double et triple rang, désertes semble-t-il, pauvres certainement, et qui donnent à Sartène une importance extrême, un air de ville féodale, dominatrice de campagnes peu sûres, où s'enfoncent des sentiers. »

René Bazin, Promenades en Corse, 1913

La ville de Sartène peut tout à la fois afficher les lignes de ses hautes bâtisses lorsqu’elle se dresse au-dessus de la plaine de Rizzanese, ou montrer son caractère regroupé lorsqu’elle se blottit entre les plis du Monte Rossu.

Ses hautes façades de pierre grise concourent à lui donner un aspect sévère, voire austère, qui tranche avec les formes arrondies des reliefs et versants naturels qui l’accueillent.

Paysages urbains

Une approche et une échelle spécifiques : du paysage de la ville aux paysages urbains 

Les villes de Corse correspondent dans l’atlas à des unités paysagères, incluses dans ces territoires plus larges que recouvrent les ensembles de paysages. A l’échelle de l’ensemble, la perception de la ville renvoie à la veduta (peinture d’un paysage de ville ou panorama, genre apparu au 16e siècle) : c’est-à-dire la représentation d’une « ville-campagne » dans laquelle les lieux construits se laissent embrasser du regard, saisis dans leur totalité dans un contexte paysager plus large. Cette appréhension lointaine de l’entité urbaine, dans un regard globalisant, caractérise le « paysage de la ville ».

Les types de paysages urbains

Le paysage urbain s’exprime en termes de paysages perçus et vécus, car il traduit l’articulation du volume et de la matière, du physique et de l’humain. Du fait de la partition de l’espace de la ville, la perception de ces paysages suppose à la fois la vision d’éléments constants, de l’ordre du motif (ceux qui, par répétitions, rendent le tissu bâti homogène), et d’éléments singuliers (ceux qui par leurs formes, leurs fonctions ou leur position, se distinguent du tissu urbain). La définition des types s’est donc construite en référence à l’histoire des villes, aux démarches architecturales et urbanistiques qui s’y sont inscrites dans le temps, mais aussi à l’appropriation du lieu, aux ambiances qui s’en dégagent, renvoyant à la notion de « regard » – ce regard qui fait de la ville un paysage. Ainsi, deux fragments de ville édifiés selon un mode d’occupation de l’espace semblable, peuvent donner à lire deux paysages urbains différents. En Corse, le relief spécifique de l’île vient enrichir fortement la palette des combinaisons possibles.

  • 1 - La ville ancienne

    1.01 A - La citadelle, A Manichedda

    Etablie sur un promontoire rocheux dominant la vallée du Rizzanese et le golfe du Valincu, la ville s’est développée à partir des maisons du village de Solaro.

    Au XVIe siècle, le village est fortifié : une enceinte est construite et les maisons font corps avec les murailles. Celles-ci comportent deux tours et une échauguette, la « vardiola » qui permet le contrôle des abords les plus accessibles de la forteresse.

    A l’intérieur, le quartier de la « Manichedda » présente un enchevêtrement de ruelles étroites, de passages à couvert sous voûtes et d’escaliers, laissant place parfois à des placettes.

    Les façades ocre des maisons, étroites et hautes, se rejoignent parfois. L’ensemble de ces motifs concourt à définir un paysage fermé, introverti, dans lequel le soleil a du mal à pénétrer.

    1.01B - Le Borgo

    En 1630, le quartier du Borgo s’installe au-delà des murs de la ville fortifiée. Des petites rues qui suivent les courbes du relief et des maisons étroites qui les accompagnent sont les motifs de ce paysage qui présente, tout comme celui de A Manichedda, un visage de l’ordre du pittoresque.

  • 2 - La ville dessinée

    2 - Le quartier Sainte Anne

    Jusqu’au XIXe siècle, la forme urbaine de Sartène est figée même si le caractère défensif de la ville a été depuis longtemps abandonné (les remparts ont été démolis). Sous le Second Empire, une volonté d’aménagement urbain se fait jour. En même temps que les grands domaines vinicoles structurent le paysage de la plaine, un nouveau quartier est édifié : le quartier Sainte Anne.

    Il ne s’agit pas ici simplement d’agrandir la ville : on ordonne les maisons autour d’espaces publics. Ainsi le long d’une nouvelle voie, qui circonscrit la ville ancienne, sont implantés des immeubles de rapport et des hôtels particuliers. Répondant à des règles établies, respectant alignements et répétitions de façades, les maisons s’inscrivent dans le cadre d’une esthétique rationnelle.

    Plus tard de nouveaux immeubles sont venus prolonger le tracé de voies mis en place à la fin du XIXe siècle. L’ensemble constitue aujourd’hui le centre-ville de Sartène, où se sont regroupés la plupart des commerces de proximité.

    Sur le cours Napoléon, l’artère principale de la ville aujourd’hui, des balcons rythment les façades des immeubles de rapport. Les bâtisses qui leur font face présentent pilastres et encadrements de baies, singularisant ainsi les hôtels particuliers.

    Ce nouveau tracé de voie a nécessité de combler un talweg pour inscrire dans le dispositif la place Porta, qui termine la perspective de rue.

  • 3 - La ville moderne

    C’est principalement à partir des années 1960, correspondant à une relance de l’activité agricole, que Sartène voit son cadre bâti se modifier très sensiblement. A partir et autour des noyaux anciens, la ville gagne ainsi en épaisseur.

    Le paysage hétéroclite, peu organisé du quartier Bassacciu renvoie au mode d’occupation de l’espace développé au cours des quarante dernières années, dans lequel les voies de circulations automobiles et aires de stationnement s’installent en pied d’immeubles.

    3.01 - L’habitat groupé de ville

    3.01 A – Piaccialella suprana

    Entre deux routes, dans la pente, un quartier de maisons de ville s’est constitué depuis les années 1950. Il propose une typologie de petites maisons villageoises étroites, comportant des jardins, qui laissent chemins et escaliers se glisser dans la pente. Le tout décline un petit paysage de l’ordre du pittoresque, tout près de la ville haute.

    3.02 - La ville étendue recomposée

    3.02 A  – Piaccialella suttana

    Après la Première Guerre mondiale, de part et d’autre de la route (RD69) qui mène aux villages les plus proches, des maisons (abritant pour certaines des entrepôts ou magasins) sont édifiées. Ces bâtisses de pierre aux lignes massives participent à prolonger le paysage ordonné du centre-ville. Et les maisons à l’ouest de la voie profitent de la vue sur la plaine et le golfe du Valincu.

    3.02 B – Quartier Canale

    Entre 1970 et 1980, des premiers ensembles d’immeubles sont implantés au sud de la citadelle de part et d’autre d’un cours d’eau, dans le talweg. Ces immeubles imposants, qui délimitent des espaces de stationnement, ménageant par endroits des prairies, présentent un tissu lâche. Ils contribuent cependant à donner une épaisseur à la façade sud de la ville, sans la masquer.

    3.02 C – Quartier Bassacciu

    Dans le prolongement du quartier Canale, et ce depuis les années 1980, de nouvelles opérations mêlant immeubles administratifs, d’habitations ou d’activités prolongent la façade bâtie du quartier Canale.

    3.02 D – Quartier Jacques Nicolaï

    En partie haute de l’ensemble construit de la ville, ce quartier accueille les principales administrations : sous-préfecture, collège, lycée et musée. Quelques immeubles d’habitations s’y sont aussi installés. Ce paysage « de bord de route », en limite de la ville dense, ouvert vers la plaine, génère un sentiment de « sortie de ville ».

    3.03 La ville étalée

    Actuellement, l’agglomération poursuit son extension sur les pentes du Monte Grossu, en s’étirant de la « Castagna » au « Couvent de Saint Damien », tout en s’étageant des « Trois Chapelles » à « Santa Barbara».

    Et c’est essentiellement de l’habitat sous forme de maisons individuelles qui s’y développe.

    3.03 A – Le paysage de la route

    A l’ouest, le paysage d’entrée de ville, ouvert sur la plaine du Rizzanese jusqu’au golfe du Valincu, s’inscrit le long de la RN196. Au-dessus de la route s’élèvent des constructions que délimitent des murs de soutènement. Un alignement de platanes accompagne la voie et matérialise l’entrée de ville.

    3.03 B – Saint Damien

    Au-dessus de la route nationale, où les collines s’arrondissent, un tissu de maisons individuelles s’est étendu dans la pente, le long d’une route en terre. Ce paysage, au caractère « hors ville », se présente comme une interface entre ville et nature.

    3.03 C – Le long de la RD50

    On sort de la ville dense. Des maisons s’installent le long de la voie. Ce tissu bâti s’étire jusqu’à laisser découvrir, plus loin, lorsque la ville se cache, un paysage de campagne habitée dans lequel la maison isolée au milieu de jardin constitue un motif récurrent.

    3.03 D – Les Trois chapelles & les Orangers

     Dans le prolongement de la ville à l’est, depuis les sommets des collines jusqu’à la RD69, on retrouve des maisons individuelles, groupées en lotissements ou isolées, qui s’installent dans la campagne et s’ouvrent sur le grand paysage de la plaine.

     3.03 E – Tignorella-Santa Barbara

    A l’est, depuis la route nationale en contrebas, jusqu’aux derniers paysages collinaires qui ceinturent la ville, une urbanisation diffuse s’est développée au cours des trente dernières années. Lorsqu’on parcourt ce territoire, malgré l’importance du bâti on a le sentiment d’un caractère naturel en partie préservé : les maisons et leur jardin, que protègent de longs murs en bord de route, sont en partie masqués par la végétation et les routes restent étroites.

    Cependant, vu depuis la ville, c’est un territoire largement urbanisé, parsemé de constructions qui s’étend vers la plaine du Rizzanese.

    Près de la route et de la ville, les habitations se regroupent sous forme de petits hameaux…

    Plus loin, l’habitat se dissémine, marquant fortement les premiers reliefs.

3.19

E - Ville de Propriano

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Unités paysagères

Nous paraissons nous diriger vers un port invisible au fond de la vallée quand, brusquement, le pilote donne un coup de barre pour nous faire contourner une jetée longue de trois cents mètres environ, derrière laquelle nous venons mouiller. C’est le port de Propriano, le troisième de l’île. De hautes maisons grises, à plusieurs étages, couvrent un rocher au pied duquel est la marine. L’embryon de jetée abrite le mouillage de la houle venue du large. Cette maigre protection n’empêche pas le petit port de posséder une grande activité ! (…) La bourgade a des constructions de grande ville : un immense bâtiment destiné aux écoles s’élève en ce moment ; il pourrait renfermer un collège. Mais Propriano n’a pas d’arbres : c’est un spectacle singulier cette grise bourgade de granit nu, dans une île où sol et rochers sont recouverts par un manteau si touffu de végétation

Victor Ardouin-Dumazet, Voyage en France : la Corse, 1897-1898

La lecture du paysage de Propriano s’inscrit au sud du golfe du Valincu.

Le paysage bâti de la ville s’étend à l’ouest depuis la jetée du port de commerce, qui le referme, mais aussi depuis le bord de mer jusqu’aux premiers reliefs.

Le premier sentiment que l’on éprouve à la découverte de la ville depuis la mer, c’est celui de l’étendue de son territoire bâti qui s’étire jusqu’aux premiers plans collinaires, que rendent fortement présents les derniers plis des massifs montagneux, en fond de tableau.

Paysages urbains

Une approche et une échelle spécifiques : du paysage de la ville aux paysages urbains 

Les villes de Corse correspondent dans l’atlas à des unités paysagères, incluses dans ces territoires plus larges que recouvrent les ensembles de paysages. A l’échelle de l’ensemble, la perception de la ville renvoie à la veduta (peinture d’un paysage de ville ou panorama, genre apparu au 16e siècle) : c’est-à-dire la représentation d’une « ville-campagne » dans laquelle les lieux construits se laissent embrasser du regard, saisis dans leur totalité dans un contexte paysager plus large. Cette appréhension lointaine de l’entité urbaine, dans un regard globalisant, caractérise le « paysage de la ville ».

Les types de paysages urbains

Le paysage urbain s’exprime en termes de paysages perçus et vécus, car il traduit l’articulation du volume et de la matière, du physique et de l’humain. Du fait de la partition de l’espace de la ville, la perception de ces paysages suppose à la fois la vision d’éléments constants, de l’ordre du motif (ceux qui, par répétitions, rendent le tissu bâti homogène), et d’éléments singuliers (ceux qui par leurs formes, leurs fonctions ou leur position, se distinguent du tissu urbain). La définition des types s’est donc construite en référence à l’histoire des villes, aux démarches architecturales et urbanistiques qui s’y sont inscrites dans le temps, mais aussi à l’appropriation du lieu, aux ambiances qui s’en dégagent, renvoyant à la notion de « regard » – ce regard qui fait de la ville un paysage. Ainsi, deux fragments de ville édifiés selon un mode d’occupation de l’espace semblable, peuvent donner à lire deux paysages urbains différents. En Corse, le relief spécifique de l’île vient enrichir fortement la palette des combinaisons possibles.

  • 1 - La ville ancienne

    Propriano s’est développée à la fin du XIXe siècle, après que la route reliant Bonifacio et Ajaccio ait été tracée (1873), la construction d’infrastructures portuaires offrant un port et un débouché maritime à la ville de Sartène.

    1.01 A - Le front de mer - Sampiero Corso

    « Je dessinai pendant la première moitié de la matinée en contrebas de la ville, à mi-hauteur de la colline (un poste d’observatoire privilégié), jusqu’à ce que le soleil au-dessus des maisons m’éblouisse. Alors, Sartène se teinte de poésie, de majesté. »

    Edward Lear, Journal d’un paysagiste anglais en Corse, 1868

    Autour de quelques maisons déjà présentes à la fin du XIXe siècle, un quartier ancien, de petite superficie, se dresse en bord de rivage, sur un petit promontoire rocheux. Cette disposition accentue le caractère singulier de ce paysage urbain. De petites maisons verticales, aux volumes simples, accolées les unes aux autres, et regardent vers le large. Les ruelles et passages qui se glissent entre les façades et se prolongent vers le quai, révèlent la pente et offre des vues mesurées sur la mer.

    Un site singulier, quelques motifs urbains savamment dosés, dessinent un paysage urbain de l’ordre du pittoresque.

    1.01 B - Rue du 9 Septembre & avenue Napoléon

    Deux routes, l’une parallèle à la ligne de rivage et qui amène au port ; l’autre, la route d’Ajaccio à Bonifacio par Sartène, qui la rejoint à l’est, formaient jusqu’à la première moitié du XXe siècle l’armature urbaine du centre ancien de Propriano. C’est le long de ces deux voies, portées sur la carte à la fin du XIXe siècle, et qui constituent aujourd’hui les artères principales de la ville, que s’organise un paysage de ville auquel les sobres immeubles de pierre, de hauteur modeste (trois ou quatre étages) donnent caractère.

    Depuis le cours Napoléon, entre la ligne des façades d’immeubles, des passages sont ménagés. Ils permettent de rejoindre les quais et portent les regards vers la mer.

    1.01 C - Notre-Dame de la Miséricorde

    Si côté rues les façades de la ville ancienne présentent un alignement rigoureux, à l’arrière elles s’inscrivent dans la pente et se prolongent par des petits jardins. Un paysage singulier, qui découle de la typologie développée, se déploie ainsi autour de l’église Notre-Dame de la Miséricorde, édifiée en 1876 sur un petit promontoire.

  • 3 - La ville moderne

    La ville de Propriano voit sa croissance urbaine s’accélérer au XXe siècle, principalement à partir des années 1970. Les espaces naturels qui prolongeaient la ville, sont alors lotis. La ville gagne en épaisseur depuis les deux artères principales puis prend possession des premières collines. Aujourd’hui, elle donne à voir deux types de paysages fortement marqués par les motifs de « l’immeuble collectif » ou de « la maison isolée sur sa parcelle ».

    3.01 - L’habitat individuel groupé de ville

    3.01 A – Quartier de la rue des Écoles

    Non loin de Notre-Dame de la Miséricorde, autour de quelques maisons patriciennes du XIXe siècle, ce quartier composé d’un tissu resserré de petites maisons et de jardins, se cache des immeubles alentours.

    3.01 B – Quartier de la rue Pasquale Paoli

    Derrière les grands immeubles du quartier de la Plaine se niche dans la pente un petit quartier qui donne à ce secteur de la ville un air de bourgade.

    3.02 - La ville étendue recomposée

    3.02 A – Les façades des ports

    Sur le tracé de l’ancienne route qui menait au port, dans le prolongement de la ville ancienne, un ensemble d’immeubles forment façade. Leur édification a débuté au début du XXe siècle et se prolonge encore aujourd’hui, plus loin, vers le port de commerce. Ce continuum d’immeubles offre un vocabulaire architectural très diversifié. Cependant l’ouverture vers le port et la mer, que souligne un alignement de palmiers en premier plan, confère à ce paysage un caractère balnéaire. En rez-de-chaussée des immeubles, des restaurants et bars participent à l’animation des quais.

    Un accroche doit être trouvée au droit des nouvelles constructions sur le port de commerce afin de garder l’unité de se paysage de bord de mer

    3.02 B – La plaine

    Après la phase d’urbanisation induite par les tracés du XIXe, la ville a peu évolué jusqu’aux années 1960-70. Ces trente dernières années ont vu l’émergence d’un nouveau quartier : la plaine. Ce nouveau territoire urbain, qui donne épaisseur à la ville, ne présente pas un paysage organisé, même s’il s’inscrit dans une recomposition urbaine de Propriano.

    L’« immeuble-barre » qui en est le motif principal, décliné sous toutes ses formes, occupe l’espace sans cohésion urbaine. Les espaces publics, voies automobiles et trottoirs, délimitent les îlots construits sans apporter cohérence et échelle à ce paysage.

    Retrouver une cohérence spatiale et travailler sur l’aménagement de séquences urbaines permettrait de qualifier ce quartier.

    Les espaces publics doivent être redessinés, réaménagés, afin d’offrir un paysage de ville moderne « humaine » et restituer ainsi une échelle.

    3.03 - La ville étalée

    L‘urbanisation récente gagne les premières collines. Et un tissu lâche de maisons individuelles, sous forme de lotissements principalement, constitue aujourd’hui le fond du paysage de la ville de Propriano.

    Ce tissu plus ou moins dense s’étire encore lorsque l’on s’éloigne de la ville. Il peut même avoir des « airs de campagne » lorsque, sur les hauteurs, les routes se font plus étroites et se frayent un chemin dans le maquis. On retrouve ce type de paysage sur les territoires suivants :

    – de la route de la corniche au quartier Mancini qui, au nord de la ville, marque le paysage de bord de mer ;

    – dans le quartier Saint Joseph et à Vigna Maio, au sud-est ;

    – dans les quartiers d’U frusteru et Paratella, au sud de la RN196 ;

    3.03 A – Route de la Corniche & Mancinu

    3.03 B – Vigna maio

    3.03 C – Saint-Joseph

    Le long de la route nationale, quelques toits se dessinent. Plus haut, s’étage un ensemble de maisons individuelles.

    3.03 D – U Frusteru

    Si la route nationale est bordée au sud par un paysage de petits jardins, sur les hauteurs, les maisons s’affichent.

    3.03 E – Paratella

    Maîtriser l’étalement urbain en travaillant sur des coupures d’urbanisation est une des problématiques de la ville.

    3.04 - Le secteur d’activités le long de la route nationale

    A l’est, on pénètre en ville par la RN196.

    Des activités commerciales ont trouvé place sur le carrefour et de part et d’autre de la route.

    Ce paysage, dans lequel prédomine l’infrastructure routière qui descend vers le centre-ville, est un paysage peu qualifié. Il possède un atout : le tracé rectiligne de la voie ouvre la vue vers la mer.

    Ce paysage « de route » doit être qualifié : il constitue l’entrée de ville de Propriano depuis le sud.

  • 4 - Les ports

    Ports et plages constituent la façade maritime de la ville.

    4.01 - Le port de commerce

    « Une ligne de maisons blanches rangées sur le rivage nous indique l’emplacement de Propriano, le port le plus important de l’arrondissement de Sartène. Près du môle, plusieurs bâtiments à l’ancre projettent dans l’air leur fine mâture. Un peu plus loin, un gros vapeur répand dans l’atmosphère des flots de fumée noire, qui, montant verticalement, tourbillonne et semble chercher en hésitant le chemin qu’elle doit suivre pour aller se perdre dans l’azur du ciel. »

    Prince Roland Bonaparte, Une excursion en Corse, Paris, 1891

    Les aménagements de la fin du XIXe siècle ont permis de créer sur le littoral occidental de l’île, entre Ajaccio et Bonifacio, un port abrité, susceptible d’accueillir les voiliers et vapeurs. C’est la jetée édifiée à cette époque qui limite encore aujourd’hui l’espace portuaire à l’ouest de la ville.

    Quelques constructions se sont logées le long des quais. Plus au large, le phare du Scogliu Longu s’avance sur le golfe.

    4.02 - Le port de plaisance

    Il s’inscrit dans le prolongement du port de commerce, en ville. Ce paysage maritime participe à l’ambiance balnéaire de la cité. Les quais depuis le quartier Sampiero Corso ont été aménagés et une promenade de bord de mer bordée d’un alignement de palmiers a vu le jour.

  • 5 - Les rivages urbains

    5.01 - La plage en ville

    Si cette petite plage, entre Mancinu et le quartier Sampiero Corso, offre un paysage encore naturel à l’Ouest, à l’Est elle bute sur un front bâti constitué d’hôtels et de restaurants.

    Cependant, la courte promenade qui la surplombe porte la vue sur les ports et le golfe et agrémente ce bord de mer.

    Un aménagement en limite de sable pourrait être envisagé : il soulignerait ce paysage en façade littorale et permettrait de relier la promenade de bord de mer.

    5.02 - Plages du Lido et du Puraja

    Au-delà de la jetée du port de commerce, les plages s’ouvrent sur le golfe. Elles présentent deux courbes inversées qui rapidement tournent le dos à la ville. Ces longues plages de sable accueillent quelques constructions de bord de mer, principalement des restaurants et un hôtel dont le bâti s’identifie fortement sur le rivage. L’arrière-plage est constituée de larges prairies encore naturelles.

    Les constructions de plage et d’arrière-plage doivent être limitées.

3.19

F - Versants de Belvedere – Campomoro

Remonter VERS

Unités paysagères

« Du haut de la terrasse de la tour de Campomoro, il n'est pas difficile d'imaginer l'effroi des défenseurs lorsqu'ils voyaient surgir, à l'horizon, les voiles noires des felouques d'Hassan Pacha ou les galères rapides de Khair el-Dîn, le fameux « Barberousse ». La vigie de Campomoro fait partie des ouvrages tardifs, parmi la centaine de tours de guet construites entre 1530 et 1620, à l'époque où la République de Gênes exerçait sa domination sur la Corse. Face aux razzias de ceux que l'on nommait indifféremment « Maures », « Turcs » ou « Barbaresques », les rivages de l'île, comme ceux de toute la Méditerranée occidentale, se sont alors hérissés de fortifications. »

Campomoro-Senetosa, 2007

Le long de l’abrupte côte rocheuse fermant au sud le golfe de Valincu, les versants auxquels se suspend la RD121 tombent verticalement dans la mer. Depuis ce balcon sur la Méditerranée l’œil plonge vers les chaos granitiques du rivage, creusés de calanques inaccessibles. Les vues panoramiques sur l’autre rive du golfe ne sont pas moins exceptionnelles.

Pas la moindre construction en bord de mer entre la plage de Portigliolo et la baie de Campumoru. Ce paysage littoral de maquis et de récifs de granite rose est classé. Une protection renforcée par les acquisitions du Conservatoire du littoral, propriétaire des pointes rocheuses de l’Aliva, de l’Omu et de Campumoru.

Passé le hameau si bien nommé de Belvedere, posé en bord de route, la RD121 s’achève en cul-de-sac à Campomoro. Le village se niche sous la Punta di Campumoru couronnée par sa tour génoise, la plus massive de Corse, et la seule à s’entourer de murailles qui en font une véritable petite place-forte. L’urbanisation résidentielle s’est développée sur les versants dominant la baie, la charmante plage de sable et les maisons de l’ancienne marine. La crête du talweg marque une frontière : au-delà s’étend le grand espace naturel de Campomoro-Senetosa, intégralement protégé par le Conservatoire du littoral.

La Punta di Campumoru ferme la perspective sur la sortie du golfe et la Méditerranée. Vue depuis le village et la plage, l’étendue d’eau évoque un paysage de lac de montagne.

Motifs & Enjeux

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